Le cancer du poumon en augmentation chez les femmes et les non-fumeurs
D'après l'étude KBP, en 2020 12,6% des cancers du poumon concernent des non-fumeurs. La tendance observée chez les femmes se confirme avec une augmentation des cas.
Le cancer du poumon deviendrait-il un cancer au féminin ? C’est ce que semble indiquer l'étude "KBP-2020" sur le cancer broncho-pulmonaire primitif. Les résultats de cette étude ont été rapportés lors du Congrès de Pneumologie de Langue Française qui s’est tenu à Lille du 21 au 23 janvier 2022.
Augmentation "exponentielle" chez les femmes
En 2018, le cancer du poumon concernait 15 132 femmes, il se place désormais au troisième rang des cancers chez la femme.
"Si l’on avait déjà vu entre 2000 et 2010 une forte augmentation de ce cancer chez les femmes, ce constat se confirme, et malheureusement au-delà de nos prévisions" explique dans un communiqué le Dr Didier Debieuvre, investigateur principal de l’étude KBP, chef du service de pneumologie de l’hôpital E. Muller de Mulhouse, et Président du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux.
En 2000, les femmes représentaient 16% des cas de cancer du poumon, elles étaient 24% en 2010 et sont passées à 34,6% en 2020. Une augmentation exponentielle préoccupante, en rapport avec l’augmentation du tabagisme chez les femmes. Cette tendance est encore plus marquée chez les patientes de moins de 50 ans puisqu'elles représentent 40% des nouveaux cas de cancers du poumon.
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Augmentation de cas chez les non-fumeurs
La proportion des patients non-fumeurs a presque doublé sur vingt ans. Alors qu’ils représentaient 7,2% des patients en 2000, puis 10,9% en 2010, 12,6% des non-fumeurs sont concernés en 2020.
80 % des cancers du poumon sont attribuables au tabac. Les facteurs génétiques, environnementaux ou professionnels comme l'amiante jouent également un rôle dans la survenue de la maladie.
Le cannabis, facteur de risque chez les jeunes
Le cannabis est un des nouveaux facteurs de risque analysé : il n'avait en effet pas été pris en compte sur les études KBP antérieures. Parmi les patients diagnostiqués, 3,6% sont des fumeurs de cannabis rapporte l’étude. "L’intuition que nous avions dans notre pratique clinique est donc bien confirmée", décrit le Dr Debieuvre.
Le cannabis est un facteur de risque qui concerne particulièrement les patients de moins de 50 ans. Un tiers d’entre eux sont ou ont été des consommateurs réguliers de cannabis.
Un diagnostic tardif
46 363 nouveaux cas de cancer du poumon ont été diagnostiqués en 2018. L'âge médian au diagnostic est de 67 ans chez l’homme et de 65 ans chez la femme.
Les pneumologues insistent : il faut réaliser un dépistage organisé systématique chez les patients à risque : "Cela permettrait de diagnostiquer à des stades plus précoces et d’optimiser les chances de guérison", rappelle le Dr Debieuvre. A ce jour, ces recommandations ne sont pas validées par l’HAS.