Les édulcorants augmentent-ils le risque de cancer ?
Une vaste étude, menée sur plus de 100 000 personnes entre 2009 et 2021, révèle les dangers liés à la consommation d’édulcorants. L’aspartame est notamment pointé du doigt.
Consommer trop de sucre est mauvais pour la santé. Mais le remplacer par des édulcorants pourrait également être associé à une augmentation de risque de cancer, souligne des chercheurs de l'Inserm, de l'Inrae, du Cnam et de l'université Paris-Sorbonne.
Les édulcorants (comme l'aspartame, l'acésulfame-K ou le sucralose) permettent de réduire la teneur en sucre ajouté, ainsi que les calories qui y sont associées, tout en maintenant le goût sucré des produits.
Plus de 100 000 Français sondés
Pour évaluer ces risques, des chercheurs et chercheuses de l'Inserm, l'INRAE, l’Université Sorbonne Paris Nord et du Cnam ont analysé les données de santé et de consommation d'édulcorants de 102 865 Français adultes.
Ils ont rempli régulièrement, certains participent à cette étude de grande ampleur depuis 2019, des questionnaires sur leur alimentation avec des données bien précises comme les noms et marques des produits consommés. A partir de ces données, les chercheurs ont étudié les liens entre la consommation d’édulcorants et le risque de cancer.
Selon les résultats de l'étude, parue jeudi 24 mars dans la revue PLOS Medicine, les personnes qui consommaient le plus d’édulcorants avaient un risque plus élevé de développer un cancer. Et l'aspartame et l'acésulfame-K sont pointés du doigt.
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Risque élevé de cancer du sein
"Dans cette étude, les plus forts consommateurs, au-delà de la médiane de consommation, avaient un risque accru de cancer de 13% comparé aux non consommateurs", précise la Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'Inserm. Parmi ces cancers, des risques plus élevés ont été observés pour le cancer du sein et ceux liés à l’obésité.
Jusqu'à présent, des études avaient suggéré que la consommation de boissons sucrées pouvait favoriser la survenue de cancers. Mais aucune n'avait regardé précisément les effets des édulcorants.
A ce jour, les apports en édulcorants à travers l'alimentation "proviennent à 53% de boissons édulcorées, à 29% des sucrettes ou édulcorants de table, à 8% des produits laitiers ou desserts lactés, parfois même d'aliments salés comme des chips", détaille Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l'Inserm.