Leur vie est devenue un enfer après une opération des hémorroïdes
Une douzaine d’anciens patients accusent un proctologue de Besançon d’être à l’origine de séquelles irréversibles causées par des opérations chirurgicales sur des hémorroïdes.
Pour traiter des pathologies hémorroïdaires responsables de douleurs et de saignements, tous ont fait confiance au même chirurgien proctologue. Aujourd’hui, cette douzaine de patients, de sexe et d’âge divers, cherchent à obtenir réparation. Selon eux, ce médecin de la région de Besançon, dans le Doubs, est responsable d’avoir transformé leur vie en véritable "cauchemar", après leur opération.
Un médecin d'excellente réputation
Une information judiciaire a été ouverte jeudi 20 juin par le procureur de Besançon pour blessures involontaires "suite à une plainte pénale et cinq procédures civiles de demandes d'indemnisation concernant des faits voisins d'opérations d'hémorroïdes ayant conduit à des incontinences", révèle l’Est Républicain, qui a diffusé les premiers témoignages de patients concernés.
Dans le quotidien régional, certains d’entre eux sont revenus sur le calvaire qu’ils affirment vivre depuis leur passage au cabinet du Dr Luc Clemens. Ce médecin urologue de formation, qui s'était formé à la proctologie en 2015, bénéficiait pourtant d'une excellente réputation dans la région. Après avoir reçu en consultation ces patients, le Dr Clemens leur a ensuite proposé une intervention chirurgicale afin de soulager leurs douleurs en retirant les hémorroïdes. Plusieurs années après les faits, les patients du proctologue souffrent pourtant toujours des séquelles de ces opérations.
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"Je continue de vivre l'enfer, sept ans après"
Toutes les personnes concernées ont été opérées à la Polyclinique de Franche-Comté, selon la "technique de Longo". Cette méthode "d'extraction" des hémorroïdes "consiste en un véritable lifting du canal anal et permet de repositionner les hémorroïdes et en même temps, de diminuer leur vascularisation", explique le Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d’Hépato‑Gastroentérologie (CREGG). "Elle se réalise dans un bloc opératoire par un chirurgien proctologue entraîné pouvant parer les complications immédiates du geste."
Les opérations ont eu lieu entre 2016 et 2023. À l'Est Républicain, chacun des patients parle de conséquences significatives et durables sur leur santé et leur vie. "Mon sphincter a été endommagé de manière irréversible", témoigne Roland, 62 ans, dont le prénom a été modifié pour conserver son anonymat. "Alors que j’aurais dû cicatriser en quatre semaines, je continue de vivre l’enfer, sept ans après. J’ai des brûlures atroces, des boursouflures, je suis obligé de porter des protections en permanence. Je ne peux pas sortir, pour ne pas être obligé d’aller aux toilettes en catastrophe. J’ai perdu mon travail. Ma compagne m’a quitté en 2019. Je dois prendre des cachets pour dormir."
"On m'a dit que j'allais rester comme ça le reste de ma vie"
Certains patients ont subi de nouvelles interventions chirurgicales réalisées par le Dr Clemens, dans l'espoir de résorber les séquelles de l'opération, en vain. Toutes les personnes interrogées ont donc décidé de consulter des services hospitaliers à Metz, Lyon ou Paris. Sans espoir de retour à la normale. "À Paris, on m’a dit que j’allais rester comme ça le reste de ma vie, avec des douleurs insupportables, des selles que je ne sens pas arriver et que je ne peux pas retenir", déplore Brigitte, dont le prénom a également été modifié.
Interrogé en fin de semaine dernière par nos confrères de l'Est Républicain, le proctologue affirme "qu’aucune plainte ou affaire pénale" le concernant n’a été ouverte. Même son de cloche du côté de la polyclinique de Franche-Comté où ont eu lieu les opérations : sa directrice, Marie-Hélène Bévalot, assure être "hyper surprise" concernant ces réclamations et assure "qu’aucun dossier, aucun courrier de réclamation" ne concernait jusqu'ici le Dr Clemens. À l'heure actuelle, le chirurgien proctologue est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.
