Maladie des cauchemars : qu’est-ce que c’est et comment la guérir ?

La maladie des cauchemars est une pathologie du sommeil qui se caractérise par la récurrence de mauvais rêves. Un seul traitement est efficace : la répétition d’imagerie mentale.

Alexis Llanos
Rédigé le
La maladie des cauchemars toucherait 4 % des adultes
La maladie des cauchemars toucherait 4 % des adultes  —  Shutterstock

Se réveiller en sueur après un cauchemar, ce n’est agréable pour personne. Mais si ces mauvais rêves sont d'ordinaire assez rares, ils peuvent dans certains cas être très fréquents, et nuire considérablement au sommeil. C’est la "maladie des cauchemars, ou « nightmare disorder » en anglais", définie dans la cinquième version du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-5). Elle est simplement appelée "cauchemars" dans la version française de cet ouvrage de référence des troubles mentaux, précise une étude publiée en 2021 dans la revue Médecine du sommeil.

Cette maladie est considérée comme une pathologie du sommeil par la Classification internationale des pathologies du sommeil et toucherait 4 % des adultes, selon une étude parue en 2018 dans le Journal of Clinical Sleep Medicine. Mais qu’est-ce qui cause l’apparition de cette pathologie, et comment la soigner ? 

Traumatisme, anxiété... quelles sont les causes ?

"Il peut y avoir plusieurs raisons qui expliquent la récurrence des cauchemars" décrit la Docteure Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste du sommeil. "Un événement traumatique, comme un viol, un braquage, la mort de quelqu’un, peut être l’une des causes", poursuit-elle. Les cauchemars n’apparaissent pas forcément immédiatement, mais plutôt trois mois, six, voire quelques années après l'événement traumatique. Les rêves sont alors toujours les mêmes, retraçant – métaphoriquement ou non – l’élément violent déclencheur.

"Une personnalité plutôt anxieuse" peut aussi être plus susceptible de faire des mauvais rêves fréquents, et ce, sans nécessairement d’élément déclencheur ni de cause extérieure, révèle la psychiatre. "Contrairement aux rêves post-traumatiques, les cauchemars des personnes anxieuses sont très variables, et le contenu peut être très différent d’un cauchemar à un autre."

Fatigue, mauvaise humeur, dépression…

Si les cauchemars sont trop fréquents, ils peuvent détériorer la qualité de vie. "Les cauchemars sont en général déplaisants. Ils mettent mal à l’aise, sont violents… Il y a souvent une notion de danger. Même si la personne ne se rappelle pas de son rêve au réveil, elle reste accompagnée toute la journée par cette impulsion négative, ce qui abaisse son moral" décrit la Dre Royant-Parola.

En effet, en tant que trouble du sommeil, la maladie des cauchemars provoque un risque de fatigue intense, d’irritabilité voire à plus long terme de dépression et d’idées suicidaires. C'est pourquoi "il est très important de diagnostiquer l’origine de ces cauchemars" recommande la Dre Royant-Parola.

Le traitement par répétition d’imagerie mentale (RIM)

"Plusieurs traitements sont actuellement utilisés dans la prise en charge de la maladie des cauchemars" mais une seule est véritablement efficace : la répétition d’imagerie mentale (RIM), révèle une méta-analyse publiée en 2021 dans le journal Médecine du Sommeil. "Il n’existe à ce jour aucun traitement pharmacologique" confirme la Dre Royant-Parola. Le but de la RIM est de modifier consciemment le cauchemar pour créer un scénario positif qui sera répété mentalement par le patient dans la journée – pendant au moins dix minutes par jour. La répétition quotidienne de ce scénario va peu à peu modifier le contenu des rêves et ainsi faire disparaître les cauchemars.

Il est possible de réaliser cette thérapie avec un.e psychiatre, en présentiel ou en ligne. "C’est plutôt efficace" affirme la Dre Royant-Parola. "Mais ça l’est un peu moins pour les cauchemars au contenu variable, il faut une certaine récurrence pour que ce soit pleinement efficace", nuance-t-elle. Parfois, les effets arrivent très rapidement, dès la prise en charge du patient, "mais ça peut prendre plus de temps" précise la psychiatre. "Dans ce cas, il faut travailler sur la détente, la relaxation, la respiration et le contenu mental." 

Les différentes phases du sommeil
Les différentes phases du sommeil  —  Le Mag de la Santé - France 5