Syndrome de Lynch : quand le cancer colorectal est génétique
3% des cancers colorectaux sont dus à une prédisposition génétique. Il s'agit du syndrome de Lynch, aussi appelé syndrome HNPCC (cancer colorectal héréditaire sans polypose). En France, on détecte environ 750 cas chaque année. Mais on estime qu'ils seraient dix fois plus nombreux, faute de diagnostic. Pourtant il est possible de le diagnostiquer avec une simple prise de sang, ce qui permet aux malades d'être suivis régulièrement pour réduire fortement les risques de cancer.
Chez les personnes atteintes du syndrome de Lynch, le risque d'avoir un cancer colorectal à 70 ans est de 40% contre 3% pour les non porteurs de cette mutation génétique. Pour éviter le cancer, un suivi régulier est nécessaire. Chaque année, comme tous les membres positifs de sa famille, le patient doit subir une coloscopie.
Grâce à cette coloscopie, les spécialistes de cette maladie rare cherchent à détecter des polypes précancéreux. Parce qu'ils sont difficiles à repérer, les polypes doivent être colorés en bleu. "Les polypes que l'on retrouve dans le syndrome de Lynch peuvent ressembler à des polypes classiques, mais ils ont la particularité d'être plans, ils ne sont pas protubérants. Souvent ils sont petits d'où la difficulté de les détecter", explique le Dr Elia Samaha, gastro-entérologue.
Grâce à une pince, les polypes suspects sont coupés pour être ensuite analysés. Car chez ces malades, la transition d'un polype bénin à une tumeur maligne se fait beaucoup plus vite que la normale : "Dans le syndrome de Lynch, on pense que c'est les petits polypes qui vont évoluer et qui vont se transformer en cancer si on les laisse trop longtemps, si on ne les enlève pas, si on ne les détecte pas à temps… Il a été prouvé qu'avec la coloscopie, on détecte deux fois plus de polypes. Et pour les patients qui sont bien surveillés, qui font les coloscopies… on arrive à réduire considérablement le risque de cancer chez eux", note le Dr Samaha.
En France, environ 7.000 personnes sont reconnues porteuses du syndrome de Lynch mais beaucoup plus le seraient sans le savoir comme le confirme le Dr Samaha : "On sait que dans la population, il y a dix fois plus de sujets qui auraient ce gène et qui ne sont pas diagnostiqués. Il y a donc un travail à faire. Et il faut que dans les familles où il y a des cancers du côlon, plusieurs cas de cancers ou d'autres cancers apparentés gynécologiques, surtout chez les sujets jeunes, les patients aient le réflexe de consulter un spécialiste pour pouvoir dépister ou diagnostiquer ce syndrome". Et après le diagnostic, la seule solution reste le suivi régulier.
Les prédispositions génétiques au cancer restent rares. Mais si vous avez un doute et que vous constatez plusieurs cas de cancers colorectaux et cancers apparentés dans votre famille avant 50 ans, vous pouvez faire le diagnostic et prendre contact auprès des réseaux spécialisés, comme le réseau PréD-IdF pour l'Île-de-France.