Cancer du pancréas : de l'espoir dans les gènes
De véritables progrès pourraient-ils enfin permettre de mieux lutter contre le cancer du pancréas ? C'est l'espoir des équipes marseillaises qui réunissent des chirurgiens, des médecins, et des chercheurs pour cerner ces tumeurs menaçantes. Souvent leurs cellules se multiplient longtemps sans symptômes et sans être perceptibles du fait de la localisation du pancréas, très "en profondeur" sous l'estomac. Cette situation rend aussi très difficile le diagnostic et la réalisation de biopsies. Mais le changement pourrait venir des nouvelles techniques de décryptage génétique des tumeurs.
Les tumeurs du pancréas restent particulièrement difficiles à combattre et même à identifier. Seul l'examen anatomopathologique permet de les décrypter. "Le pancréas est probablement le seul organe qu'on opère sans connaître la tumeur qu'on opère dans un très grand nombre de cas. Alors que dans tous les autres cancers, on a des biopsies, on a toute une investigation pré-opératoire qui fait que le chirurgien sait ce qu'il opère. Pour le pancréas, les patients sont opérés alors que la nature tumorale n'est pas forcément formellement identifiée avant l'intervention", explique le Pr Stéphane Garcia, pathologiste.
Et même le microscope ne réussit pas toujours à évaluer la virulence de chaque tumeur. Alors à Marseille, elles sont systématiquement archivées pour des recherches plus approfondies : "L'avancée majeure concerne le fait que l'on puisse analyser de manière très précise tous les aspects moléculaires des tumeurs qui vont nous servir à les classer et peut-être à prédire dans un futur relativement proche, quel sera le meilleur traitement, quel sera le pronostic des patients", souligne le Pr Juan Iovanna, du centre de recherche en cancérologie de Marseille.
Au milieu de cette diversité, l'équipe a réussi à trouver un gène commun à toutes ces tumeurs. Un gène décisif dans leur capacité à résister aux traitements comme le confirme le Pr Iovanna : "Les cellules, pour pouvoir s'ouvrir, développent un mécanisme de résistance très efficace. Nous avons identifié le gène le plus important impliqué et nous avons été capables de l'inactiver et de montrer que l'inactivation de ce gène permettait à la tumeur d'être très sensible aux traitements".
Cette sensibilité aux chimiothérapies peut alors être précisément évaluée une fois que ce gène appelé p8 est inactivé. "Quand p8 est encore présent dans les cellules, toutes les cellules sont vivantes. Et quand on inhibe p8, on a une plus forte mortalité de cellules", constate Laurence Borge, assistant ingénieur au centre de recherche en cancérologie de Marseille. Malheureusement cette inactivation du gène résistant n'est pour l'instant possible que sur des cellules isolées au laboratoire. Il faut désormais réussir à l'obtenir avec un traitement pour les patients.