Cancer du péritoine : quels traitements existe-t-il ?
Le péritoine est une membrane qui entoure tous les organes de l'abdomen. S'il existe des tumeurs primitives du péritoine, il est plus souvent une localisation secondaire de cancer.
Qu'est-ce que le cancer du péritoine ?
Foie, rate, estomac, intestin grêle... Tous ces organes de l'abdomen sont entourés d'une fine membrane : le péritoine. Le péritoine tapisse la cavité abdominale et l'extérieur des viscères contenus par cette cavité. Cette membrane lisse et séreuse, c'est-à-dire qui contient une fine couche de liquide, est formée de deux feuillets :
- le feuillet viscéral, dit péritoine viscéral, qui tapisse les organes digestifs
- le feuillet pariétal, dit péritoine pariétal, qui est contre la paroi abdominale et le pelvis
Entre les deux, il y a un espace : c'est ce qu'on appelle la cavité péritonéale.
Parmi les pathologies du péritoine, on entend souvent parler de la péritonite, qui est une inflammation du péritoine, aiguë ou chronique. Le plus souvent, la péritonite est secondaire à la perforation d'un organe contenu dans l'abdomen comme l'appendice, l'intestin, l'estomac. Elle entraîne alors un épanchement de liquide entre les deux feuillets du péritoine et donc une inflammation des feuillets.
Mais une autre pathologie touche aussi le péritoine : le cancer du péritoine, aussi appelé carcinose péritonéale. Il s'agit de la dissémination de cellules cancéreuses sur tout ou partie du péritoine. La carcinose péritonéale peut être primitive. Elle est la conséquence de maladies rares du péritoine, qui touchent moins de 200 personnes par an en France.
Elle peut aussi être secondaire d'un autre cancer qui a disséminé ses cellules dans la paroi abdominale. Il peut s'agir d'un cancer du côlon, du rectum, de l'ovaire, de l'estomac, du pancréas ou du sein. Cela n'est pas rare. On estime à plus de 6.000 le nombre de personnes atteintes chaque année en France.
Les symptômes du cancer du péritoine sont le plus souvent des douleurs abdominales diffuses, une distension progressive de l'abdomen, une altération de l'état général avec perte de poids et fatigue, ou encore une occlusion entraînant des nausées et des vomissements.
La chirurgie de cytoréduction
Différents examens permettent d'établir le diagnostic de cancer du péritoine : un scanner, une IRM et une coelioscopie exploratrice, c'est à-dire une caméra insérée dans l'abdomen, pour visualiser la dissémination de la maladie et les organes touchés. La coelioscopie exploratrice permet aussi de réaliser des biopsies directement dans la cavité péritonéale.
Le traitement curatif consiste à réaliser une chirurgie dite de cytoréduction. L'objectif est de supprimer toutes les lésions visibles, disséminées dans le péritoine.
La chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale
Après l'intervention, une fois que toute la maladie visible à l'oeil nu a été retirée, une chimiothérapie très particulière est réalisée : la CHIP ou chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale. Il s'agit d'instiller le produit au sein même de l'abdomen. La CHIP a lieu tout de suite après la chirurgie de cytoréduction.
La prise en charge chirurgie de cytoréduction et CHIP, a été réalisée pour la première fois en Europe en 1989 au centre hospitalier Lyon Sud. Elle a permis une évolution majeure dans le traitement de la carcinose péritonéale en améliorant l'espérance de vie, voire dans certains cas, en permettant une guérison des malades.
La chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par aérosols
Lorsque la maladie ne peut être traitée par une cytoréduction associée à une CHIP, une prise en charge palliative peut être réalisée. Il s'agit d'une nouvelle technique réalisée depuis 2016 au centre hospitalier Lyon Sud : la PIPAC, chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par aérosols. Elle consiste à vaporiser de la chimiothérapie directement dans l'abdomen sous forme d'aérosol.
C’est le traitement que suit Jean-Pierre. Il souffre d’un cancer qui a envahi la cavité péritonéale. Il est soigné à l’hôpital d’instruction des armées Bégin à Saint-Mandé, dans le Val de Marne. Cet hôpital militaire à la pointe dans le traitement de la carcinose péritonéale prend aussi en charge des civils.
La PIPAC permet d’améliorer la qualité de vie du patient et de contrôler l’évolution de la maladie. En France, seulement une dizaine d’établissements proposent la PIPAC pour l’instant. Ce traitement est très coûteux pour l’hôpital : plus de 2000 euros par séance.