Cancers : surtout, ne pas retarder les traitements !
Selon une étude publiée dans le British Medical Journal, retarder le traitement de certains cancers, même d’un mois seulement, peut augmenter le risque de mortalité des patients.
Dans les hôpitaux les plus touchés par l’épidémie, les services de chirurgie sont bien souvent réquisitionnés pour prendre en charge les patients covid. Conséquence : les opérations et les traitements de certains cancers doivent être décalés. Selon une étude menée par des chercheurs britanniques et canadiens, le risque de mortalité s’accroît avec les déprogrammations pour sept types de cancers. Avec un mois d’attente, il augmente de 6 à 8% et peut grimper jusqu’à 13% dans certaines situations, comme le traitement adjuvant d’un cancer colorectal. Dans le cas d’une opération repoussée à 12 semaines, le risque de mortalité augmente de 9%.
Attention au manque de suivi
Pour le Pr François Desgrandchamps, chef du service urologie à l’Hôpital Saint-Louis à Paris, il est donc important que les patients continuent à consulter pendant le confinement. “Je vois des patients qui ne se présentent pas à la consultation. Ils ont sans doute peur de venir dans les hôpitaux en période de covid et d’être contaminés. Au contraire, ils doivent venir ! S'ils ne viennent pas, on peut passer à côté d’un cancer urgent et là, il y a une pénalisation et une perte de chance de guérison. En France, il reste toujours des places disponibles pour les cancers urgents pour éviter le retard de traitements.”
Vers une catastrophe sanitaire ?
Pour alerter sur le danger des déprogrammations, l’association RoseUp se mobilise. Sur son site internet, on trouve un formulaire qui permet aux femmes touchées par le cancer du sein de témoigner. Céline Lis-Raoux, fondatrice de l’Association RoseUp et directrice de la rédaction du magazine Rose, explique : “beaucoup de malades voient leur chirurgie annulée, voient leur rendez-vous de suivi annuel annulé, et à qui on dit : “et bien écoutez, débrouillez-vous un peu par vos propres moyens, téléphonez en ville trouvez une solution… Là, on ne peut pas vous recevoir.” C’est beaucoup d’inquiétudes. Et puis c’est une perte de chance, parce que s’il y a un suivi annuel pour les malades de cancer, je suppose que ce n’est pas pour rien.”
Faute de dépistage et de retards d’opérations, dans les cinq ans à venir, la Ligue contre le Cancer estime que 3 500 à 8 000 vies pourraient être perdues.