"Fantasia" : une vision poétique du cancer en Chine
Fantasia, en salles depuis le 1er juillet 2015, met à l'écran le combat d’une famille chinoise face au cancer du père, dont l'usine qui l'emploie ne peut plus payer les soins. Wang Chao, le réalisateur, aborde la difficulté d'assumer le coût des soins médicaux. Une problématique qui dépasse largement les frontières.
Avec Fantasia, présenté au Festival de Cannes en 2014, le réalisateur chinois Wang Chao, qui avait réalisé L’Orphelin d’Anyang en 2001, a choisi la ville industrielle de Chongqing, au Sud-Ouest de la Chine, comme décor et le cancer pour thème.
En salles depuis le 1er juillet 2015, ce film nous plonge dans le quotidien d’une famille de la classe ouvrière chinoise qui se retrouve du jour au lendemain confrontée à la maladie du père, atteint d’une leucémie. L’usine dans laquelle il est salarié rembourse les frais des soins médicaux, jusqu’à ce qu’elle annonce qu’elle ne pourra désormais plus assurer que la moitié de ce coût.
La famille se retrouve ébranlée, chacun essayant d’apporter son aide comme il le peut. La mère enchaîne les petits boulots et rend visite à ses proches pour leur demander de l’aide. Secrètement, la fille se fait embaucher dans un bar de nuit puis glisse dans la prostitution... Le petit frère, rejeté par ses camarades à cause de la maladie de son père, sèche l’école pour tenter lui aussi de trouver de l’argent.
Précarité et stigmatisation
Ce film, gorgé de poésie, rappelle que la précarité et la stigmatisation venant s’ajouter à l’épreuve de la maladie n’est pas réservée aux pays en développement. Bien qu’elle soit moins criante, on la retrouve également dans les pays bénéficiant d’une protection sociale.
Les baisses importantes de revenus, les frais supplémentaires et les difficultés pour se réinsérer dans le monde du travail, sont une réalité en France aussi, comme le montre chaque année la Ligue contre le cancer dans son rapport de l’Observatoire sociétal des cancers. "Malgré la prise en charge dite à 100%, des frais cachés persistent", relève l’association.
Des frais qui restent à charge
Dans son rapport de 2013, elle avait montré que 47% des personnes interrogées, ayant ou ayant été soignées pour un cancer, déclarent avoir eu des frais de santé restés à leur charge, dont 8% d’un niveau important. Et près de deux tiers des personnes ayant déclaré des restes à charge au cours de leur traitement pour un cancer les ont évalués à près de 1.000 euros/an.
Les principaux frais cachés sont :
- les soins dits "de confort" : médicaments contre les effets secondaires, vitamines et compléments alimentaires (pour près d'1 personne sur 2) ;
- les aides à domicile : 36% des personnes qui y ont recours ;
- les dépassements d’honoraires : 30% des personnes malades ;
- les frais liés aux prothèses, perruques : 26% des personnes malades ;
- les frais de transports : 16% des personnes malades ;
Une somme d’autant plus difficile à assumer pour les personnes se trouvant déjà en difficultés avant la survenue de la maladie. De plus en plus de demandes d’aides sont faites auprès d’associations comme La Ligue contre le cancer.