Les boissons sucrées favorisent le cancer
Une large étude française montre que le risque de cancer est plus important chez les consommateurs de boissons sucrées. Les jus de fruits ne font pas exception.
Les preuves scientifiques de la nocivité du sucre pour notre santé ne cessent de s’accumuler. Il favorise l’obésité et le diabète, a un impact certain sur la santé cardiaque... et fait le nid de la NASH (Non Alcoolic Steato Hepatisis), surnommé la maladie "du foie gras."
Une nouvelle étude, publiée le 10 juillet 2019 dans le British Medical Journal (BMJ) par des chercheurs de l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN / Inserm / Inra / Cnam / Université Paris 13) met en lumière une association entre la consommation de boissons sucrées et le risque de survenue de cancer. En particulier de cancer du sein. Très peu d’études prospectives avaient jusque-là été menées sur cette association.
+ 100 ml de boisson par jour, +18% de risque cancéreux
Au total, 101 257 participants de la cohorte française NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2018) ont été inclus. Leur consommation alimentaire habituelle a été évaluée grâce à des enregistrements de 24h répétés (6 en moyenne par participant) portant sur plus de 3300 aliments différents (dont 109 types de boissons sucrées/édulcorées).
Au cours du suivi, la consommation de boissons sucrées s’est révélée être associée à un risque plus élevé de cancer (2 193 cas sur 101 257 participants), et en particulier de cancer du sein (693 cas). Une augmentation de 100ml de la consommation moyenne quotidienne de boissons sucrées entraînait ainsi une augmentation d’environ 18% du risque de cancer.
Jus de fruits, sodas… même combat !
L’étude montre aussi qu’il n’y a pas de boissons sucrées "bonnes pour la santé" : qu'il s'agisse ou non, de jus de fruits, même "100% pur jus", elles entraînent un risque plus élevé de cancer.
"Pur jus", "sans sucres ajoutés" : les étiquettes sont trompeuses. Certains verres de smoothie contiennent par exemple six morceaux de sucre : c’est plus qu’un verre de cola, qui en contient cinq morceaux et demi. Des quantités largement supérieures aux recommandations de l’OMS.
Un risque de cancer pas toujours expliqué par la prise de poids
Ce surrisque n’est pas uniquement expliquable par la prise de poids. Certes, les boissons sucrées ont été associées au risque d’obésité, à son tour reconnu comme un facteur de risque important pour de nombreux cancers. Mais des mécanismes inflammatoires ou liés au stress oxydant pourraient aussi directement intervenir, expliquent les auteurs.
Une association, mais pas de lien de causalité démontré
L'étude étant observationnelle, un lien de cause à effet ne peut être établi pour les associations observées. Cependant, le soupçon est fort en raison de l'effectif important de la population suivie et de la précision des données alimentaires collectées. De plus, les chercheurs ont mis de côté un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie potentiellement associés au cancer (l’âge, le sexe, le tabagisme, la consommation d’alcool, le niveau d’étude, l’activité physique ainsi que le statut pondéral, les comorbidités métaboliques, les antécédents familiaux).
Les auteurs de l’étude estiment que ces données sont importantes dans un contexte de santé publique où le renforcement de la taxe soda est en débat au niveau national et international. Elles sont cohérentes avec les recommandations nutritionnelles du Programme National Nutrition Santé (PNNS) qui visent à limiter la consommation de boissons sucrées, y compris les jus de fruits 100 %, ainsi que des mesures politiques telles que des restrictions fiscales et commerciales visant les boissons sucrées.