AVC : la France a un taux de mortalité parmi les plus faibles au monde
Depuis plusieurs années, la baisse du taux de mortalité par AVC s’essouffle en France. Malgré tout, ce taux reste l’un des plus faibles au monde.
Enfin une bonne nouvelle à l’approche de la rentrée : la mortalité par AVC continue de baisser dans la plupart des pays européens. C’est ce que révèle une étude publiée le 14 août dans le European Heart Journal. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) relatives à la mortalité par AVC ischémique, par AVC hémorragique et par hémorragie sous-arachnoïdienne entre 1980 et 2016.
Seule ombre au tableau : depuis quelques années, cette baisse est moins prononcée en France. Mais le taux de mortalité par AVC dans l'hexagone reste l’un des plus faibles au monde, "même quand on compare les chiffres avec ceux des pays du nord de l’Europe", explique le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie à l’hôpital Bichat, à Paris (AP-HP).
Le "French paradox"
En Europe occidentale en effet, les taux de mortalité par AVC chez les hommes vont de 49 pour 100 000 habitants en France à 131 pour 100 000 à Saint-Marin. La tendance plateau évoquée dans l’étude doit donc être relativisée. Et pour cause : la France reste l’un des pays qui traitent le mieux les personnes à risque. "Il y a une corrélation entre la baisse de la mortalité par AVC au fil des ans et l’augmentation des prescriptions de traitements contre l’hypertension. La prescription de statines – qui est une avancée majeure – a elle aussi sûrement contribué à cette réduction", note le Pr Amarenco. Pour lui, on peut donc légitimement s’attendre à ce que la mortalité par AVC en France continue de baisser.
D’autant que les Français ont une bonne hygiène de vie. Malgré une alimentation parfois riche en matières grasses et une consommation de vin régulière, ceux-ci sont bien moins sujets aux AVC que nombre de leurs voisins, c’est ce qu’on appelle le « French paradox ». Pour le Pr Amarenco, "cette situation est peut-être due aux quantités moindres que nous mangeons par rapport aux Américains ou aux Allemands, par exemple, et à la qualité des aliments. C’est important de le noter."
Néanmoins, le chef de service en neurologie reconnaît qu’on peut toujours faire mieux, notamment vis-à-vis de la prévention. "L’éducation thérapeutique est un enjeu majeur de santé publique. Quand vous prescrivez des traitements contre l’hypertension, la moitié des patients ne le prennent pas ou le prennent mal", déplore-t-il. Pire encore : on estime que seule la moitié des hypertendus français sont conscients de leur pathologie.