Parkinson : essai d'un traitement basé sur la thérapie génique

Des chercheurs français ont obtenu des résultats prometteurs sur quinze malades atteints d'une forme avancée de la maladie de Parkinson, grâce à un traitement basé sur la thérapie génique, c'est-à-dire l'injection de gènes réparateurs. Une information relayée par le journal Le Figaro, dans son édition du 29 octobre 2012.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Parkinson : essai d'un traitement basé sur la thérapie génique

Les résultats préliminaires de ce traitement par thérapie génique ont été présentés lundi 29 octobre 2012, à Paris, lors du 20e Congrès européen de thérapie génique et cellulaire. Les recherches sont menées depuis 2008 par l'équipe du Pr. Stéphane Palfi, professeur en neurochirurgie de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil et chercheur au CEA/Inserm.

Le manque de dopamine en cause

La dopamine est un neurotransmetteur, un médiateur chimique chargé de transmettre l'information entre les neurones. Cette dopamine est chargée de réguler l'activité d'une zone du cerveau contrôlant, entre autre, la contraction des muscles et les mouvements.

Mais lorsque la production de dopamine est diminuée, la contraction des muscles n'est plus parfaitement contrôlée, ce qui est à l'origine des symptômes de la maladie de Parkinson (lenteur et difficulté du mouvement, rigidité, tremblements).

Permettre une sécrétion continue de dopamine

Le traitement de référence, la L-Dopa (lévodopa ou traitement dopaminergique), utilisé depuis cinquante ans et disponible par voie orale, permet de stimuler la production de dopamine.

Cependant, après une période dite "lune de miel", la L-Dopa présente l'inconvénient majeur d'induire des mouvements anormaux (dyskinésies), tout aussi gênants que la maladie et qui seraient liés à une stimulation irrégulière de la dopamine.

Le Pr. Stéphane Palfi et son équipe ont donc décidé de tester l'implantation de gènes dans le cerveau, qui permettraient d'avoir une sécrétion continue et locale de dopamine.

Des essais cliniques

Après une série d'expérimentations chez l'animal, les premiers tests chez l'homme ont débuté en 2008 dans le cadre d'un essai de phase 1 visant à évaluer la tolérance de la procédure sur quinze patients souffrant d'une forme avancée de la maladie.

Techniquement, les malades ont bénéficié d'une seule injection sous anesthésie générale, au niveau du striatum (une zone du cerveau impliquée dans la maladie), d'un lentivirus (un genre de virus totalement inoffensif) dans lequel trois gènes codant pour des enzymes indispensables à la sécrétion de dopamine ont été insérés. L'objectif est d'obtenir une sécrétion continue et locale de dopamine. Plusieurs doses différentes de lentivirus modifiés ont été testées.

Contrairement au traitement par la L-Dopa, la thérapie génique n'a pas entraîné de mouvements anormaux, ni d'ailleurs d'autres effets secondaires. Les chercheurs ont pu vérifier que l'amélioration des signes cliniques correspond à une augmentation du niveau de dopamine dans la zone d'injection des gènes thérapeutiques. Ils ont aussi pu établir que cette stratégie peut être efficace chez des animaux déjà traités par L-Dopa, ce qui laisse espérer une diminution des doses du médicament.

Vers un essai de phase 2

Un nouvel essai de phase 2 devrait être lancé bientôt sur un nombre plus élevé de malades. Il faudra attendre la validation de la stratégie par d'autres essais cliniques, avant que cette recherche devienne une vraie thérapeutique dans le monde réel.

"Nous pouvons dire que ce traitement a été bien toléré", quelque soit la dose administrée, affirme le Pr. Palfi.

Sur le plan thérapeutique, le Pr. Palfi estime ces résultats chez l'homme très encourageants. "Mais le temps de la recherche n'est pas celui des médias. Nous devons progresser, arrêter, réfléchir, il s'agit d'une recherche thérapeutique de longue haleine", précise-t-il.

L'ensemble des données de ces essais thérapeutiques ne pourra être totalement dévoilé que dans trois mois environ, par leur publication dans une revue scientifique de référence. Toutefois, les premiers éléments divulgués dans les grandes lignes, ouvrent déjà de nouvelles perspectives pour l'avenir.

Source : "Parkinson : 15 patients traités par thérapie génique", Martine Perez, Le Figaro.fr, 29 octobre 2012.