Quels sont les bénéfices du sport dans la maladie de Parkinson ?
Pratiquer une activité physique permet de ralentir le développement de la maladie de Parkinson, surtout lorsque celle-ci vient d'être diagnostiquée. Mais quelle activité choisir ? Le Dr Nicolas Barizien, médecin du sport, nous conseille et nous explique les bénéfices du sport.
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui se caractérise par un vieillissement prématuré des neurones qui fabriquent la dopamine dans le Locus Niger (substance noire). L'insuffisance en dopamine ralentit, voire bloque, la fluidité de l'influx nerveux du cerveau vers tous les muscles, dont ceux de la face.
Cette dégénérescence neuronale affecte toutes les dimensions de la motricité : précision, amplitude, cadence pour entraver les gestes jusqu'à l'impossibilité à se mouvoir (akinésie) et à s'exprimer (dysarthrie) provoquant une perte d'autonomie progressive. Parkinson est une véritable maladie de la mobilité car elle affecte un tiers des activités de la vie quotidienne.
La maladie de Parkinson est liée à l'âge, elle touche 2% des plus de 65 ans et 4% des plus de 80 ans. On dénombre 180.000 patients traités et 8.000 nouveaux cas par an.
Attention, il existe des formes juvéniles avant 40 ans. Chez les sujets jeunes, l'atteinte est limitée à une main ou un pied et s'exprime par une maladresse, comme une écriture qui devient trop petite. Cette perte d'habileté est facilement contournée par l'utilisation des claviers ou des écrans, ce qui retarde d'autant plus le diagnostic. N'hésitez donc pas à consulter si votre écriture devient illisible ou si vous n'arrivez plus à dessiner.
Les signes précoces de la maladie
Un tremblement au repos est le signe le plus visible, et donc celui qui amène à consulter. Mais d'autres signes précoces doivent alerter. La perte de l'odorat est très évocateur mais plus difficile à identifier, de même que l'akinésie qui regroupe les altérations de la précision du geste, le retard au démarrage et la lenteur d'exécution. Une écriture qui devient trop petite et la marche à petits pas sont les signes les plus rapidement identifiables.
Les critères de diagnostic de la maladie de Parkinson reposent sur l'association de bradykinésie (lenteur d'initiation du mouvement) à un tremblement de repos, unte rigidité réversible sous traitement, ou une d'instabilité. Des mouvements anormaux, les dyskinésies, sont possibles ainsi que des fluctuations et d' autres symptômes comme les troubles de l'odorat ou du sommeil, les douleurs.
Le sport peut-il ralentir le vieillissement prématuré des neurones ?
En 2016, une étude a montré que l'activité physique régulière diminuait de 34% le risque de survenue de la maladie de Parkinson. Depuis les années 2000, il est prouvé que le sport ralentit la dégénérescence des neurones dopaminergiques en stimulant naturellement la fabrication de dopamine.
D'autre part, les neurones atteints doivent rester sollicités, sinon ils meurent selon la règle du "Use it or loose it" (en français, "sert ou disparaît"). La sensibilité des récepteurs synaptiques est également améliorée par le sport, à notre propre dopamine et surtout à celle du traitement par L-Dopa.
Le sport améliore la motricité chez les malades parkinsoniens
La pratique du sport peut retarder les effets de la maladie ou en améliorer les symptômes comme les problèmes moteurs. Cette efficacité du sport sur le vieillissement des neurones permet de mieux se battre pour conserver des mouvements normaux grâce à des cures de rééducation intensive entretenues par une pratique régulière. Il faut lutter contre la triple flexion invalidante et caractéristique des parkinsoniens non traités : genoux fléchis, hanches fléchies et tronc penché en avant.
Un autre bénéfice du sport est d'entretenir la plasticité neuronale, c'est-à-dire la capacité du cerveau à s'adapter en trouvant des chemins alternatifs pour faire circuler l'influx nerveux. Il s'agit d'un système de substitution mais il fonctionne bien et permet de maintenir l'autonomie des patients.
Cette entrave du mouvement sédentarise encore plus les patients. Bouger les protège de l'hypertension et autres pathologies cardiovasculaires.
L'ensemble des études s'accordent sur deux points :
1 heure d’endurance active (vélo, marche rapide) = neurones dopaminergiques sauvés
30 minutes de musculation intense = marche conservée
Les autres effets du sport
Si l'atteinte de la motricité est la plus invalidante, la maladie de Parkinson s'accompagne de nombreux autres signes qui isolent les patients. L'insomnie et la fatigue qui en découlent, les troubles de l'équilibre occasionnant des chutes et la peur de tomber. Ainsi, tous les gestes sportifs complexes comprenant de l'équilibre sont bénéfiques.
Mais il y a aussi les douleurs dues à la rigidité des muscles, les troubles de l'humeur et l'isolement. Le rôle socialisant des activités physiques permet de garder les patients dans une vie relationnelle normale. Il a été montré qu'à traitement égal, les parkinsoniens sportifs gardaient de meilleures performances intellectuelles.
Le sport est aussi une soupape pour les aidants, qui sont souvent les conjoints. Soit pour pratiquer un sport en même temps sans avoir la responsabilité de leur conjoint malade ou tout simplement pour se reposer pendant ces séances de sport santé que proposent de plus en plus de clubs sportifs.
L'ordonnance sportive
Aujourd'hui, pour prévenir et lutter contre la maladie de Parkinson, le sport est un élément primordial du traitement de la maladie déclarée. Il faut donc s'imposer, selon ses capacités et le stade de la maladie, trois à quatre heures de sport chaque semaine :
- 1 heure d'endurance active 2 à 3 jours par semaine
- 30 minutes d'exercices 2 à 3 jours par semaine
- 20 minutes de musculation haute intensité
- 10 minutes d'équilibre (tai-chi, yoga)