Anévrisme de l'aorte abdominale : opérer avant la rupture
Un anévrisme est une dilatation localisée de la paroi d'une artère qui aboutit à la formation d'une poche de taille variable qui, si elle se rompt, peut entraîner la mort. Lorsque la rupture d'anévrisme intervient dans l'aorte abdominale, le taux de mortalité est même de 90% car cette aorte comporte de nombreuses ramifications vers d'autres artères qui vont irriguer les reins, le foie et le système digestif. Tout l'intérêt de l'intervention se trouve dans l'utilisation d'une prothèse très particulière qui permet de préserver au maximum les organes vitaux. Explications.
Cette opération pour éviter la rupture d'anévrisme est une chirurgie de pointe, pratiquée seulement par cinq ou six centres en France.
Le but de l'opération est de poser une prothèse qui va soulager les parois de l'aorte, résorber l'anévrisme et éviter la rupture. La première étape consiste à pratiquer deux incisions au niveau du bassin pour accéder aux deux artères fémorales.
Grâce à de petits fils de métal souples qui épousent la forme tortueuse des artères, le chirurgien peut faire glisser dans l'artère fémorale droite l'introducteur dans lequel se trouve la prothèse. Lorsqu'il atteint l'anévrisme, la prothèse principale est déployée.
Il s'agit d'une chirurgie sur mesure, chaque prothèse est unique et s'adapte au circuit vasculaire du patient. Chirurgiens et radiologues travaillent ensemble. Les repères présents sur la prothèse, un scanner effectué au préalable et les images radiographiques prises en continu permettent à l'équipe de bien positionner le matériel.
Après l'artère fémorale droite, c'est au tour de l'artère fémorale gauche d'être utilisée. Par les mêmes procédés, le chirurgien y introduit des petites prothèses qu'il place dans les orifices ou fenêtres de la prothèse principale. Les branches permettront la jonction de l'aorte thoracique et des artères rénales.
Après la pose des différentes branches, le chirurgien procède à leur déploiement grâce à un système de ballonnets intégré. En le gonflant, le spécialiste fait bien adhérer les prothèses aux parois des artères.
Ultime étape de l'opération : placer les deux derniers éléments de la prothèse qui assureront l'étanchéité totale du dispositif. Ils raccorderont la prothèse principale aux artères iliaques qui irriguent les jambes.
Après quatre heures d'opération, le chirurgien vérifie sur les radiographies que l'ensemble de la prothèse est bien installé. Et grâce à un liquide de contraste, il s'assure qu'elle ne présente aucune fuite.
Dans les jours qui suivent l'intervention, les médecins s'assurent que la prothèse reste bien en place. Cette opération peu invasive ne s'adresse pour l'instant qu'à des patients à haut risque, qui ne supporteraient pas une chirurgie ouverte.