Covid : des jeunes britanniques réexposés volontairement au virus
Des volontaires de 18 à 30 ans guéris du covid vont être exposés au virus une deuxième fois, dans le cadre d’une étude britannique. L’objectif est de comprendre le risque de réinfection pour mieux le contrôler.
Attraper le covid une deuxième fois… délibérément. C’est ce que des jeunes volontaires en bonne santé s’apprêtent à faire dans le cadre d’une étude britannique menée à l’université d’Oxford. Dans un premier temps, l’étude portera sur 64 volontaires âgés de 18 à 30 ans qui ont déjà contracté le covid naturellement et qui en ont guéri. Ces participants recevront une indemnisation de 5.000 livres (environ 5.800 euros) chacun.
Comprendre les réinfections
L’objectif de cette étude, qui devrait commencer dès ce mois d’avril est de comprendre comment le système immunitaire d’une personne guérie du covid réagit face au virus. Ces travaux permettront aussi de déterminer quelle dose du virus est nécessaire pour réinfecter une personne.
Les chercheurs utiliseront la souche originale du covid-19, celle qui s'était développée à Wuhan, mais des discussions sont en cours pour inclure un des nouveaux variants.
"Concevoir de meilleurs vaccins et traitements"
Ces études où l'on expose volontairement des patients à un virus "nous apprennent des choses que d'autres ne peuvent pas, car elles sont étroitement contrôlées", a expliqué la professeure en vaccinologie à l’université d’Oxford Helen McShane, responsable de l'étude.
"Lorsque nous réinfecterons ces participants, nous saurons exactement comment leur système immunitaire a réagi à la première infection au covid, à quel moment précis la seconde infection s'est produite et quelle quantité exacte de virus ils ont reçue", a-t-elle détaillé.
Selon cette chercheuse, "les informations tirées de ces travaux permettront de concevoir de meilleurs vaccins et traitements, mais aussi de comprendre si les gens sont protégés après avoir eu le covid, et pendant combien de temps".
Suivi à l’hôpital
La santé de ces volontaires sera bien sûr attentivement surveillée par une équipe de chercheurs et de médecins. Ainsi, après avoir été exposés au virus, les participants seront mis en quarantaine pendant 17 jours et pris en charge dans un hôpital jusqu'à ce qu'ils ne présentent plus de risque de contaminer d'autres personnes. S’ils développent des symptômes du covid, ils recevront un traitement à base d'anticorps monoclonaux développés par le laboratoire américain Regeneron.
En tout, l’étude durera un an. Huit rendez-vous médicaux sont déjà prévus pour continuer le suivi après la sortie de l'hôpital.
Une technique osée, mais qui a fait ses preuves
En octobre dernier, l’Imperial College de Londres avait déjà lancé une étude dans laquelle le virus était volontairement inoculé à de jeunes volontaires. Cette technique d’exposition volontaire à des virus est à ce jour interdite en France pour le covid. Mais elle a déjà joué un rôle clé dans le développement de traitements contre plusieurs maladies comme le paludisme, la tuberculose, la typhoïde, le choléra ou encore la grippe.