Maison, restaurant, bar… quels sont les lieux les plus à risque de contamination au covid ?
Les repas partagés en famille ou entre amis, à domicile ou au restaurant sont les situations les plus à risque de transmission du covid, selon les premiers résultats de l’étude ComCor menée par l’Institut Pasteur.
Où se contamine-t-on le plus ? C’est la question à laquelle l’étude ComCor1 de l’Institut Pasteur, pilotée par l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, tente de répondre. Les résultats préliminaires de l’étude ont été révélés par Europe1 le 17 décembre. Ils montrent que les contaminations ont principalement lieu à la maison, mais aussi dans les bars et les restaurants.
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Repas en milieu privé ou public
Le Conseil scientifique, déjà, citait cette étude dans sa note du 12 décembre et en présentait les principales conclusions : "L’étude ComCor menée en France en octobre-novembre dernier sur les lieux et les circonstances des nouvelles contaminations montre le risque élevé de transmission du virus lors des repas, qu’ils aient lieu en milieu privé (familial, amical) ou public (cafés, restaurants...)" C’est d’ailleurs sur ces résultats que le gouvernement s’est appuyé pour édicter ses recommandations et justifier les mesures restrictives prises en cette fin d’année.
Bars, restaurants et salles de sport
Dans le détail, un premier volet porte sur 3.400 personnes contaminées par le covid et 1.700 non contaminées en octobre et novembre. La comparaison de ces deux groupes montre que la fréquentation des restaurants, bars ou salles de sport était associée à une augmentation du risque, contrairement aux transports en commun ou aux commerces (alimentaire, habillement...).
Mais "il faut être prudent" dans l'interprétation de ces résultats, insiste Arnaud Fontanet auprès de l’AFP. L'étude a en effet été menée en octobre/novembre, pendant le couvre-feu puis le reconfinement, quand les établissements étaient partiellement voire complètement fermés. Il est donc difficile de savoir "quelle est la part réelle des restaurants et des bars dans la transmission" du virus.
Contaminations "clandestines" ?
Selon l'étude, le risque augmente même davantage pendant le confinement que pendant le couvre-feu. "Cela laisse entendre qu'il y a eu des bars et restaurants ouverts de façon clandestine pendant le confinement" et que les personnes qui s'y sont rendues, même moins nombreuses, "s'y sont beaucoup exposées", avance le professeur Fontanet.
La majorité des contaminations à domicile
Dans un deuxième volet, l’étude a analysé les circonstances de contamination en s’appuyant sur les données de 25.600 personnes infectées tirées des fichiers de l’Assurance maladie et interrogées par questionnaire. Ce volet montre que le lieu le plus propice aux contaminations est le domicile, en général via le conjoint ou la conjointe pour deux tiers des contaminations.
En particulier, "les repas jouent un rôle central dans ces contaminations, que ce soit en milieu familial, amical ou à moindre degré professionnel", puisqu'on y est proche les uns des autres, et sans masque.
"Les réunions privées - familles, amis - constituent la principale source d'infection", rappelle à l’AFP le professeur Fontanet. "Si les gens organisent des dîners amicaux chez eux plutôt qu'aller au restaurant, ça ne change rien."
Seuls 42% des contaminés isolés assez tôt
Ainsi, selon cette étude, les deux principales situations à risque sont les repas, puis la proximité avec les enfants.
Mais une autre situation contaminante est le retard à l’isolement. Et si 97% des malades se sont isolés, seulement 42% l’ont fait dès les premiers symptômes, sans attendre d’être testées. Or les cinq premiers jours de la maladie sont les plus contaminants, rapportait une récente étude britannique.
Commerciaux, ouvriers, personnels de santé…
Enfin, l’étude avance que les professions les plus touchées par le covid sont les commerciaux, les personnels de santé, les cadres administratifs, les ouvriers et les chauffeurs.
L’étude sera poursuivie ces prochains mois pour affiner ces premiers résultats et en savoir plus sur la transmission du virus dans d'autres espaces, comme les lieux de culture.
"Ce n'est pas un outil de censure pour dire « Attention, c'est chez vous que ça se passe », mais au contraire un outil qui accompagnera les réouvertures pour voir si on détecte un sur-risque", conclut le Pr Fontanet.
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1Etude des facteurs sociodémographiques, comportementaux et pratiques associés à un risque d’infection par le SARS-CoV-2