Coronavirus : au moins une contamination sur deux due à une personne sans symptômes
Des chercheurs belges et hollandais estiment que de nombreuses personnes transmettent le virus sans avoir de symptômes. Une donnée qui incite à des mesures d’isolement de la population, même non malade.
Comment contenir l’épidémie de coronavirus Covid-19 ? Alors que la question anime actuellement les travaux de chercheurs du monde entier, des scientifiques belges et hollandais des universités de Hasselt, Anvers et Leiden se sont intéressés précisément aux contaminations par des personnes sans symptômes.
Selon eux, au moins une contamination sur deux serait occasionnée par une personne qui ne présente peu ou pas de symptômes, soit parce qu’elle est encore en période d’incubation, soit parce qu’elle présente une forme bénigne et asymptomatique de la maladie.
Ils détaillent leurs résultats préliminaires dans une étude non encore validée par leurs pairs, mise en ligne sur le site medRvix le 8 mars 2020.
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Entre 48% et 77% de transmission sans symptôme
Pour cette étude, les chercheurs se sont appuyés sur les données de deux foyers de contagion : Singapour (91 cas) et Tianjin, en Chine (135 cas).
Ils ont alors utilisé les données de santé et les contacts de ces cas pour construire des modèles mathématiques. Leur objectif : évaluer la proportion de transmission sans symptômes (ou transmission pré-symptomatique) pour savoir quelles mesures seront réellement efficaces contre le Covid-19.
Résultat : entre 48 et 66% des contaminations à Singapour ont été causées par des personnes sans symptômes. A Tianjin, ce chiffre oscille entre 62 et 77%, selon les modèles. Dans les deux cas, cela veut dire qu’au moins une contamination sur deux a lieu en l’absence de symptômes.
Rechercher les contacts malades ne suffit pas
Or, pour combattre l’épidémie, une partie des mesures consiste à rechercher les cas et à identifier leurs contacts malades. "Cela signifie que l’efficacité [de ces mesures] dans la prévention des infections Covid-19 sera considérablement plus faible que l’efficacité de la prévention du SRAS ou des infections MERS (deux virus de la même famille que le Covid-19, ndlr), où la transmission pré-symptomatique ne jouait pas un rôle important" notent les chercheurs dans leur étude.
Selon eux, il est donc "peu probable" que ces mesures "suffisent à elles seules pour contrôler l’épidémie de Covid-19" et "des mesures supplémentaires, telles que l’éloignement social, sont nécessaires." Isoler uniquement les personnes malades ne semble pas non plus pertinent si ces résultats sont vérifiés. Des mesures de distanciation sociale et d’éloignement des personnes fragiles, comme c’est actuellement le cas en France et dans les pays les plus touchés, apparaissent donc bien comme nécessaires aux vues de ces calculs.