Substances synthétiques et vapotage : les nouveaux dangers du cannabis
En France, la consommation de cannabis et sa teneur en THC ne cessent d’augmenter, selon l’Académie de médecine.
La consommation de cannabis "débute de plus en plus tôt, pour certains vers l'âge de 12 ans", alerte l'Académie de médecine dans un communiqué. Et ses modes de consommation varient : plus de THC, cannabinoïdes de synthèse, vapotage... ce qui fait craindre à l'Académie un risque de banalisation de la consommation.
Celle-ci indique en effet que les jeunes Français sont les premiers consommateurs de cannabis d’Europe. En outre, selon l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), depuis 2014, le prix de la résine et de l’herbe de cannabis baissent de façon significative (le gramme de résine est passé de 7,3 à 7 euros, tandis que le prix du gramme d’herbe est passé de 10,4 à 10 euros), ce qui les rend d’autant plus accessibles. Résultat : entre 2010 et 2014, l'usage de cannabis occasionnel a progressé de 38 % chez les 16-64 ans, et son usage régulier a augmenté de 41 %.
Schizophrénies et infections broncho-pulmonaires
Mais ce qui inquiète encore plus l’Académie, c’est la teneur en THC du cannabis consommé en France, qui augmente d’année en année. Selon l’OFDT, les produits à base de cannabis sont "de plus en plus diversifiés et de plus en plus forts en THC, comme le suggère le taux moyen observé par l’Institut national de la police scientifique (INPS) qui atteint en 2016 le nouveau record de 23 %, contre 6,5 % en 2000 et 11,1 % en 2010". Derrière cette augmentation spectaculaire, une réelle "standardisation par le haut" : les usagers se sont en effet habitués à plus haute teneur en THC, d’où une forte attente.
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Bien que le cannabis soit considéré comme une drogue douce, ses dangers sont multiples. Selon l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, les risques liés à sa consommation peuvent être immédiats, mais aussi agir sur le long terme. En effet, l’usage de cannabis a, entre autres, un impact direct sur la conduite (près d’un jeune sur deux qui décède dans un accident de la route est sous l’emprise du cannabis) et favorise "la survenue de troubles psychiques tels que les schizophrénies", selon l’Académie de médecine. C’est également un facteur d’infections broncho-pulmonaires.
Des inquiétudes sur le cannabis de synthèse et le vapotage
Néanmoins, la résine et l’herbe de cannabis ne sont plus les seuls produits qui inquiètent les autorités de santé. L’OFDT évoque en effet "l’intérêt particulier pour l’inhalation de cannabinoïdes de synthèse conditionnés sous forme d’« e-liquide »", qui est en forte augmentation depuis cet été. "Les fumeurs de cannabis de synthèse achètent Spice [une drogue censée reproduire les effets du cannabis naturel] sur Internet. Ils le font par périodes, c’est rarement régulier, car c’est un peu pour la défonce, c’est récréatif. En général, ils ne s’en remettent pas facilement. Ils ont des effets psychotiques, paranoïaques, ou des hallucinations d’une durée plus longue", a confié à l’OFDT un infirmier du Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie de Marseille.
Le vapotage de cannabis gagne également du terrain, et l’OFDT déplore une tendance récente à la fabrication artisanale de cire et d’huile à partir d’herbes de cannabis. Les villes de Bordeaux, Lille, Lyon et Marseille seraient les premières concernées par cette consommation en vaporisateur ou en e-cigarette. Aussi l’Académie de médecine en appelle-t-elle aux pouvoirs publics, et demande "la mise en œuvre d'intenses campagnes s'adressant de façon prioritaire aux parents, aux éducateurs et aux personnels enseignants ; que l'information des jeunes, en particulier adolescents et jeunes adultes, sur les risques liés à l'usage du cannabis soit érigée en une priorité nationale".