La prothèse vaginale Prolift mise en cause dans le monde entier
Douleurs, difficultés à marcher, à avoir des relations sexuelles... Dans le monde, des milliers de patientes dénoncent les effets indésirables de la prothèse vaginale Prolift.
Catherine souffre d'un prolapsus génital, une descente d'organes liée à l'âge ou à un accouchement difficile. En 2010, elle se fait poser une prothèse vaginale Prolift. Il s'agit d'un filet posé comme un hamac pour soutenir les organes génitaux. Trois ans plus tard, d'intenses douleurs apparaissent.
Des douleurs insupportables
"Ça n'a fait que s'amplifier. C'étaient des infections urinaires terribles, des brûlures urinaires, des coups de couteau dans le ventre, une impression d'avoir eu une râpe dans la vessie. Des douleurs insupportables...", explique Catherine.
Après plusieurs mois d'errance médicale, Catherine découvre que ses souffrances sont liées aux attaches de la prothèse vaginale. Un chirurgien décide de la réopérer pour retirer les morceaux de la prothèse qui lui cisaillent l'appareil génital. Après trois interventions, les douleurs n'ont pas disparu. Sa prothèse est en polypropylène et son corps rejette ce tissu en plastique.
Un dispositif inventé par des médecins français
La prothèse vaginale a été mise au point pas des médecins français entre 2000 et 2005. Parmi eux, le Pr Bernard Jacquetin. Pour lui, le problème ne vient pas de la pose mais du manque de formation de certains spécialistes. "Je pense que des chirurgiens non spécialisés se sont lancés dans cette technique sans avoir le bagage technique suffisant".
Au Royaume-Uni, en Australie, aux Etats-Unis, des milliers de patientes ont porté plainte contre le laboratoire Johnson and Johnson qui a commercialisé le dispositif Prolift. En France, le nombre de victimes serait plus limité. Selon le Dr Bertrand De Rochambeau, président du Syndicat National des Gynécologues de France, les médecins ont justement "bénéficié de l’expérience des équipes pilote qui ont mis au point ces prothèses. Ces professionnels, très sérieux, ont accompagné le développement de cette nouvelle technique d’un enseignement". Deux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont aussi venues encadrer la pratique.
Entre 2012 et 2013, le laboratoire a fini par retirer la prothèse Prolift du marché. Mais aujourd'hui, d'autres prothèses de renfort sont disponibles et déjà dans le viseur des autorités sanitaires. Un contrôle du marché par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) est en cours.