Microbiote : des spécialistes alertent sur la fiabilité des tests d'analyse
La société de gastro-entérologie alerte sur le caractère inutile des tests d’analyse du microbiote intestinal. Ces tests très coûteux promettent une aide au diagnostic mais ne sont pour le moment pas assez fiables pour être cliniquement utiles.
"Aucun intérêt clinique." L’avis de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) sur les tests d’analyse du microbiote intestinal, cette flore qui peuple notre tube digestif, est catégorique. Dans un communiqué publié le 29 janvier 2020, la SNFGE déclare qu’elle ne recommande pas ces tests et qu’ils "ne doivent pas être prescrits par les médecins quelle que soit leur spécialité. "
A lire aussi : Comment identifier les bactéries de notre microbiote ?
Ni diagnostic, ni choix thérapeutique
Mais pourquoi une telle affirmation ? La SNFGE s’appuie sur "de nombreuses études publiées ces dernières années". Si celles-ci "suggèrent que le microbiote intestinal pourrait servir de marqueur diagnostique, pronostique ou thérapeutique" dans de nombreuses maladies digestives ou non, elles ne sont "pour la grande majorité" que "de petite taille et construites dans un objectif de « découverte »". En somme, ces études ne suffisent pas à asseoir la légitimité des tests de microbiote intestinal commercialisés aujourd’hui, qui ne "peuvent en aucun cas aider à porter un diagnostic ou à guider les choix thérapeutiques", tranche la SNFGE.
Des tarifs "souvent très élevés"
D’autant que les laboratoires qui proposent aujourd’hui ces tests les vendent à des tarifs "souvent très élevés" et "avec la « promesse » que cela pourra guider le patient et/ou son médecin", dénonce la SNFGE. Des faux espoirs pour les patients en quête de diagnostic de maladies inflammatoires de l’intestin, de troubles digestifs, de maladies auto-immunes, d’autisme, de troubles bipolaires, de dépression ou encore de cancer colorectal.
Miser sur des analyses ciblées et spécifiques
Faut-il pour autant bannir définitivement ces tests ? Non, répond la SNFGE, qui reconnaît que "l’utilisation du microbiote comme biomarqueur est solide scientifiquement". Ainsi, "dans les prochaines années", lorsque les études seront affinées, il sera alors possible d’"envisager l’utilisation en pratique clinique de biomarqueurs issus du microbiote", note la SNFGE. Plus précisément, ces tests, une fois validés, pourraient reposer "sur des analyses ciblées et spécifiques à chaque pathologie et à chaque question clinique posée" détaille enfin la société.