Bénin : au coeur de la lutte contre la lèpre
C'est une maladie que l'on croyait éradiquée, mais la lèpre touche encore 210.000 personnes chaque année. Au Bénin, on mise sur la sensibilisation pour lutter contre cette maladie infectieuse.
Le Dr Christian Johnson et son équipe font partie de la Fondation Raoul Follereau qui se bat pour l'éradication de la lèpre depuis 1942. Dans des villages béninois, loin de la capitale économique Cotonou, les habitants vivent isolés, dans des conditions d'hygiène précaires. Pas d'eau courante, ni de sanitaires... Des conditions favorables au développement de certaines infections tropicales.
La lèpre, une maladie infectieuse
Les équipes du Dr Johnson rendent régulièrement visite aux habitants malades de la lèpre. Une peau dépigmentée et craquelée à certains endroits... Ces lésions dermatologiques insensibles sont l'un des symptômes de la lèpre, une maladie qui touche le plus souvent la peau et les nerfs sous-jacents (qui expliquent les lésions de la peau soient insensibles). La lèpre supprime toute sensation de douleur. Les malades peuvent alors se brûler ou se couper sans s'en apercevoir.
Les bacilles Mycobacterium leprae sont à l'origine de cette maladie infectieuse. Ces bactéries prolifèrent dans les nerfs périphériques et provoquent alors une inflammation. Les défenses de l'organisme réagissent et les nerfs deviennent le centre d'une bataille : d'un côté les bacilles, les attaquants, et de l'autre, les cellules de l'immunité, les défenseurs. Résultat, les nerfs perdent leur fonction sensitive mais aussi leur fonction motrice. A terme, ils peuvent même être détruits. Une autre forme de la lèpre touche en plus de la peau et des nerfs, d'autres régions du corps comme les reins, les testicules, le nez ; l'atteinte des nerfs est souvent plus sévère.
Sans traitement, le malade peut se retrouver paralysé des mains, des pieds ou encore des paupières. Certains patients finissent par ne plus pouvoir cligner des yeux et par devenir aveugles. La prise d'une polychimiothérapie, une combinaison de trois antibiotiques, permet d'écarter ce risque : la rifampicine, la dapsone et éventuellement la clofazimine. Un traitement d'entretien est parfois pris à vie.
Mettre fin aux croyances et rassurer la population
Aujourd'hui, dans certains villages du Bénin, les cas de lèpre sont supérieurs à la moyenne. Cette maladie touche moins d'un individu sur 10.000 dans le monde. Alors pour endiguer sa propagation, la Fondation Raoul Follereau organise des campagnes de sensibilisation. Parce que la lèpre est parfois considérée comme un sortilège, beaucoup de patients sont stigmatisés et rejetés par leur famille. Le Dr Johnson intervient donc auprès des populations pour mettre fin à ces croyances et pour rassurer.
La lèpre est peu contagieuse, elle se transmet à partir des sécrétions nasales et buccales d'un individu infecté et parfois par contact avec les lésions cutanées, s'il est prolongé.. A force de répéter les mêmes informations, les mentalités évoluent dans les villages. La Fondation se donne plusieurs années pour mener son projet de lutte contre les maladies tropicales négligées. Une stratégie qui pourrait bien faire diminuer le nombre de nouveaux cas de lèpre au Bénin, estimés à 200 chaque année.
Lutte contre la lèpre : dépister et prévenir la maladie
La Fondation Raoul Follereau, qui lutte contre la lèpre depuis 1942, mène des campagnes de dépistage pour tenter d'éradiquer la maladie. Sur l'île d'Agonvé, les équipes médicales testent pour la première fois une nouvelle stratégie de prévention.
Les animateurs et infirmiers de la fondation distribuent aux habitants un antibiotique pour empêcher la propagation de la lèpre. "Toute la population considérée comme exposée reçoit la chimioprévention. C'est un médicament très bactéricide sur le mycobacterium leprae qui est l'agent responsable de la lèpre. Donc il tue le germe dans l'organisme de l'homme", explique le Dr Christian Johnson, léprologue.
Comme il n'existe pas encore de vaccin anti-lèpre, ce traitement préventif, inoffensif pour les personnes saines, vise à guérir les malades qui ne présentent pas encore de symptômes apparents de l’infection.
Dans les centres de santé, les équipes soignantes sont à pied d'oeuvre. Enfants, adultes, vieillards... tous se font dépister avant de recevoir le traitement. D'ici fin mars 2019, l'ensemble de la population devrait en bénéficier.
Lutte contre la lèpre : traiter la maladie
Au Bénin, 200 nouveaux cas de lèpre sont détectés chaque année. La Fondation Raoul Follereau finance plusieurs centres de traitements anti-lèpre. Objectif : donner les soins adaptés aux patients qui sont souvent stigmatisés et les aider à se réinsérer.
Dans les centres de traitements, les malades qui souffrent d'infections graves de la peau comme la lèpre et l'ulcère de Buruli sont hospitalisés gratuitement. Au Bénin, plusieurs centres de santé émaillent le territoire. Mais les malades attendent souvent longtemps avant de consulter car pour beaucoup de Béninois, la lèpre se soigne chez les guérisseurs.