Comment organiser des obsèques en temps de confinement ?
La pandémie et le confinement qu'elle impose bousculent sévèrement l'organisation des obsèques, des pompes funèbres aux enterrements.
Les corps subissent habituellement des soins pour retarder de quelques jours la décomposition des corps, c'est ce que l'on appelle la thanatopraxie et elle est assurée par le personnel des pompes funèbres. "Pour l'instant, il est recommandé d'éviter de faire les soins de conservation quand ils ne sont pas nécessaires, précise Florence Fresse, déléguée générale de la Fédération française des pompes funèbres.
Ce sont des soins pour cesser la thanatomorphose, effectués pour que la famille puisse se recueillir devant le défunt, cercueil ouvert ou dans une chambre funéraire, sur un lit. La famille ne devrait pas demander ce soin car il y a très peu de possibilités d'aller visiter le défunt en ce moment." Mais certains soins, comme la toilette mortuaire, restent autorisée.
Le corps dans une housse funéraire
En présence d'une maladie infectieuse, l'interdiction de certains soins est une procédure habituelle. Lorsque le décès a lieu à l'hôpital, les soignants mettent le corps dans une housse funéraire étanche, qui sera hermétiquement fermée avant d'être transférée par le personnel des pompes funèbres en chambre mortuaire. Si le patient avait une pile au lithium dans son pacemaker, elle doit être retirée au préalable par le médecin ou une personne des pompes funèbres pour éviter qu'elle ne fasse exploser l'incinérateur.
"Cela met en danger le personnel des pompes funèbres car nous n'avons ni gants ni masques, explique Florence Fresse. La priorité va évidemment au personnel soignant mais on peut comprendre l'angoisse du personnel qui assurent les soins de thanatopraxie et la mise dans la housse dans les EPHAD ou en cas de décès à domicile."
Les conjoints et les enfants uniquement
Au crématorium ou au funérarium en cas d'inhumation, le nombre de personnes est limité : "Nous imposons une proximité génétique et géographique, confirme Florence Fresse. Les gens doivent venir de façon réduite : nous limitons à la famille proche, comme les ascendant et les descendants, à condition qu'ils soient en proximité.
De même, on ne fait pas 500 km pour venir à un enterrement dans le contexte actuel. Est-ce que c'est un motif impérieux d'aller à des obsèques ? J'aurais tendance à dire non. Ce confinement est extrêmement compliqué psychologiquement mais l'enterrement ne doit pas devenir une réunion de groupe."
Même lors des crémations et inhumations, le personnel des pompes funèbres se doit de faire respecter les mesures barrières, avec une distance d'un mètre minimum et une absence de contacts rapprochés. Ce qui n'est pas toujours aisé pour des personnes en deuil qui ont besoin de se réconforter et ont le réflexe de se prendre dans les bras...
Les enterrements, un flou certain...
Depuis le 14 mars, les messes, les baptêmes et les mariages sont suspendues mais les enterrements restaient autorisés, à condition d'avoir une assemblée inférieure à 100 personnes et de respecter les mesures barrières (personnes s'asseyant sur une chaise sur deux, et sur un banc sur deux).
Puis un décret pris par le gouvernement le 15 mars a interdit les rassemblements de plus de 20 personnes, au sein des lieux de cultes et jusqu'au 15 avril. Enfin, le mardi 17 mars, le Premier ministre précisait dans son intervention télévisée qu'un ami ne pouvait pas assister à un enterrement. En pratique, des situations différentes ont pu être constatées du fait de l'absence de directives officielles.
Les prêtres demandent aux familles d'être le moins nombreuses possible et certains assurent un temps de prière au funérarium ou au cimetière. Faute de directives très précises, certains adaptent les conseils de façon personnelle : certains limitent à cinq personnes, d'autres à dix. De même, certaines personnes se voient refuser l'autorisation d'assister à l'enterrement de leur sœur tandis que dans d'autres communes, d'autres ont obtenu l'autorisation d'assister à ce dernier adieu...