Coronavirus : explosion du nombre de cas déclarés par la Chine
En 24 heures, le décompte des personnes infectées par le Covid19 a augmenté de 15 152 suite à une nouvelle définition des critères diagnostics. Le directeur de l'OMS estime que "cette épidémie peut aller dans n'importe quelle direction."
Difficile de s'y retrouver dans les communications de la Chine sur le coronavirus désormais baptisé Covid 19. Hier, les autorités annonçaient une accalmie dans l'augmentation du nombre de cas. Aujourd'hui, c'est l'inverse avec un record de 256 décès supplémentaires plus de 15 000 nouveaux patients recensés, ce qui représente 1369 décès et le cap des 60 347 personnes contaminées.
Un diagnostic uniquement clinique et radiologique
Un bond lié à un décompte radicalement différent, indépendant du test spécifique à l'acide nucléique. Désormais "nous incluerons les cas diagnostiqués cliniquement au nombre de cas confirmés afin que les patients puissent être traités à temps", a déclaré la commission médicale du Hebei, la région qui inclus le coeur de l'épidémie à Wuhan, selon nos confrères du South China Morning Post .
Les experts chinois estimeraient avoir acquis une capacité suffisante à distinguer la maladie des autres épidémies hivernales en cours comme la grippe pour l'identifier sans faire le test. "J'ai du mal à comprendre comment on peut faire le diagnostic d'une maladie infectieuse respiratoire uniquement sur des données cliniques, voire radiologiques en pleine épidémie de grippe", s'interroge le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
Des critères indirects à cause de la pénurie de tests ?
Ce changement de critères pourrait être lié aux difficultés matérielles rencontrées par les équipes locales. "Ils utilisent peut-être des critères indirects faute de disposer de tests microbiologiques", poursuit le Pr Caumes. Cela deviendrait le seul moyen de ne pas trop aggraver le décalage entre les chiffres officiels et la réalité de l'expansion de ce nouveau virus...
Ce doute croissant sur la représentativité des statistiques officielle explique peut-être la prudence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) hier alors que le gouvernement chinois se montrait optimiste. "Je pense qu'il est aujourd'hui beaucoup trop tôt pour tenter de prédire le commencement, le milieu ou la fin de cette épidémie", pondérait Michael Ryan, chef du département des urgences sanitaires.
"Extrême prudence"
Le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a même renchéri, préconisant "une extrême prudence". "Cette épidémie peut aller dans n'importe quelle direction", a-t-il affirmé. Et il a appelé l'ensemble des pays à mettre en place les mesures de protection nécessaires.
Les autorités chinoises continuent à se défendre de toute carence dans la gestion de l'épidémie... mais limogent les acteurs qui étaient en première ligne face à l'épidémie. Après les responsables locaux du ministère de la Santé, ce sont ceux du parti communiste qui viennent d'être démis de leurs fonctions.
Ces mesures tenteraient de calmer la colère de l'opinion. Des voix commencent à oser accuser les autorités locales d'avoir tardé à réagir face aux premiers cas de la maladie. Surtout depuis la mort vendredi de Li Wenliang, 34 ans, l'un des premiers médecins à avoir alerté sur l'épidémie. Réprimandé par la police qui l'accusait de propager des "rumeurs", il avait lui-même été contaminé.
Multiplication des quarantaines
Ailleurs dans le monde, la situation est toujours tendue à bord du paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine près de Yokohama : 44 nouveaux cas ont été annoncés ce qui élève à 218 le nombre de personnes contaminées.
Et jeudi matin, une mise en quarantaine a été édictée pour la première fois au Vietnam, pour une commune de 10.000 habitants, près de Hanoi. Quinze personnes sont à ce stade touchées par l'épidémie dans ce pays.