Coronavirus : les autorités chinoises ont-elles commis des erreurs ?
De nouvelles informations remettent en cause la transparence avec laquelle la Chine aurait communiqué depuis l'apparition des premiers malades du coronavirus.
La politique de dissimulation de la Chine, envers la population comme envers l’Organisation mondiale de la santé, aurait favorisé la propagation du virus. Les explications de notre journaliste Géraldine Zamansky spécialiste de la santé à l'étranger
- Selon des témoignages, le régime autoritaire chinois a joué « contre » la sécurité sanitaire
Le dr Li Wuliang, ophtalmologiste hospitalier de Wuhan a été alerté dès le 30 décembre en voyant qu’un patient avait été testé positif au coronavirus SRAS. Il a donc appelé à la vigilance ses anciens camarades de fac de médecine sur leur groupe «Weibo », un réseau social. Son message a été très vite extrêmement repris. Il a été peu après convoqué par la police.
Il a raconté récemment cette histoire et a même mis en ligne le document que la police lui avait fait signer. Il y est indiqué que s’il continue à faire preuve « d’impertinence », le médecin devra rendre des comptes devant la justice.
À lire aussi : "Les 8 infos qu'il faut connaître sur le coronavirus"
- Un "lanceur d'alerte" réduit au silence
Ce médecin est retourné travailler à l’hôpital et a même fait partie des premières victimes. Il a contracté le virus et déclaré des symptômes le 10 janvier. Il a depuis donné de ses nouvelles lorsqu’il était en soins intensif. Ses parents ont eux aussi été hospitalisés.
Cette transmission d’homme à homme, entre patients et soignants et au sein d’une famille, les autorités chinoises l’ont totalement dissimulée jusqu’au 20 janvier. Pourtant, il est aujourd’hui prouvé que plusieurs cas précoces leur permettaient de l’établir. Et cela dès le 11 janvier et le premier décès officiel d’un homme de 61 ans. Son épouse a été atteinte alors que lui seul se rendait sur le fameux marché alimentaire.
- Le marché de Wuhan ne serait pas à l'origine de l’épidémie
C’est ce que déduisent les lecteurs avertis d’une publication des équipes hospitalières de Wuhan sur leurs premiers patients. Leurs dates et leurs parcours de contamination illustrent la présence du virus dès le mois de novembre et sans aucun lien avec le marché.
Les auteurs d’une synthèse publiée dans Science, retiennent une hypothèse différente de celle communiquée par les autorités chinoises. Selon eux, le marché de Wuhan ne serait qu’un « relais » et non pas la véritable origine de l’épidémie. D’ailleurs dans mes recherches, je ne suis parvenue à trouver aucune réponses récentes et précises issues de la Chine sur les prélèvements réalisés dans la marché. Nous savons seulement que la présence du virus y a été détectée mais rien d’autre…
À lire aussi : "Une carte pour comprendre l'épidémie de coronavirus dans le monde"
- Les autorités chinoises sont-elles transparentes ?
C’est comme s’ils avaient essayé de jouer la carte de l’origine animale pour dissimuler le plus longtemps possible la transmission interhumaine. Peut-être qu’ils pensaient gagner du temps avant de prendre les mesures de confinement qui s’imposaient. Peut-être cultivaient-ils l’espoir que la contagion serait moins forte et que l’épidémie serait dissimulée par la grippe et les autres virus saisonniers.
À lire aussi : "La course contre la montre des chercheurs contre le coronavirus"
- Grande campagne de "com" autour de la construction du nouvel hôpital
Rien à voir avec les obstacles rencontrés par nos confrères sur place pour aller dans les hôpitaux ces dernières semaines… Le monde entier, a vu les images de cet incroyable chantier.
Des établissements construits à partir d’éléments préfabriqués en moins de deux semaines, avec un système d’aération adapté et des chambres désormais prêtes pour accueillir les premiers. De multiples témoignages racontent le terrible parcours des malades ces derniers jours à Wuhan. La situation s’est encore aggravée en une semaine. Même des malades diagnostiqués positivement au coronavirus 2019 ncov pouvaient être renvoyés chez eux faute de lits disponibles. Certains seraient ainsi décédés sans soins… La liste d’attente pour les ambulances étant trop longue. »
À lire aussi : "Cas de coronavirus en France : Comment les autorités mènent l'enquête ?"