Coronavirus : pourquoi la fermeture des écoles et le télétravail fonctionnent ?
Fermer les écoles pendant huit semaines et encourager au moins 25% de télétravail permettrait d’étaler le pic épidémique et de réduire le nombre de cas au plus fort de l’épidémie, selon des chercheurs de l’Inserm.
Fermer les écoles, encourager le télétravail et diminuer les contacts sociaux. Comment les mesures actuellement en vigueur en France contre le Covid-19 peuvent-elles réduire l’intensité de l’épidémie ? Une équipe d’épidémiologistes de l'Inserm a publié le 14 mars sur son site internet un rapport élaboré en collaboration avec des biostatisticiens des universités belges d’Hasselt et d’Anvers. Selon ces spécialistes, huit semaines de fermeture des écoles et 25% de télétravail suffiraient déjà à retarder le pic épidémique de deux mois et d’abaisser de 40% le nombre de cas au plus fort de l’épidémie.
Pour cette étude, les chercheurs ont réalisé des modèles mathématiques en s’appuyant sur les données des trois régions françaises les plus touchées par le coronavirus : l’Île-de-France, les Hauts-de-France et le Grand Est. Plusieurs scénarios ont été envisagés : aucune mesure prise, la fermeture des écoles pendant six, huit, 10 et 12 semaines sans télétravail puis avec télétravail de 10, 25 et 50% des adultes.
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Fermer seulement les écoles ne suffit pas
Dans un premier temps, les scientifiques ont pris en compte la seule mesure de fermeture des écoles car les enfants sont souvent des vecteurs clés dans la propagation des épidémies. L’école est en effet un lieu de mélanges et de contacts rapprochés et les fermer permet de casser de nombreuses chaînes de transmission. C’est d'ailleurs une stratégie qui a déjà fait ses preuves dans le cas d’épidémies de grippe, rappellent les auteurs de l’étude.
Mais qu’en est-il pour le Covid-19 ? Les calculs des chercheurs ont montré que la fermeture des écoles comme seule mesure ne retarderait le pic que d’un mois et entraînait moins de 10% de réduction du pic d’incidence. Et ce même si les écoles fermaient pendant huit semaines à compter du 16 mars, soit jusqu’à la fin des dernières vacances de printemps.
Diminuer de 15% la population touchée
En revanche, si cette mesure s'accompagne d'une mise en place de télétravail pour au moins 25% des adultes, cela serait suffisant pour aplanir et étaler le pic épidémique dans le temps. Et plus la proportion d’adultes au télétravail était élevée, plus le pic épidémique était étalé en durée et en intensité, à condition que le télétravail se prolonge après la réouverture des écoles. Au final, combiner huit semaines de fermeture des écoles et la généralisation au maximum du télétravail diminuerait de 15% le pourcentage de la population touchée par le virus.
Qu’elle passe par la fermeture d’écoles ou le télétravail, la distanciation sociale est une "priorité pour retarder et atténuer l’épidémie, réduire son impact sur la population et sur le système de santé national" rappellent les scientifiques. Il est en effet "fondamental" de "retarder le pic et d’en réduire l’ampleur pour alléger la charge qui pèse sur le système de santé pendant les semaines où la demande est la plus forte" appuient les spécialistes.
Respect des mesures, hygiène et distanciation
Pour que ces mesures ne soient pas vaines, elles doivent être strictement respectées et s’accompagner de "comportements d'évitement rigoureux des individus" comme un évitement des foules, des rassemblements, et le respect d’une distance minimale d’un mètre entre deux personnes. A ces précautions doivent encore s’ajouter des mesures d'hygiène comme le lavage des mains afin d’"accroître les bénéfices obtenus grâce au télétravail" pour "contrôler la propagation de la maladie" et "réduire l'impact sur la population".
Dernière mise en garde des scientifiques : si la fermeture des écoles ou le télétravail sont arrêtés "trop tôt", un effet de rebond avec une accélération du nombre de nouveaux cas pourrait se produire. Reste à définir ce "trop tôt" en fonction de l’évolution de l’épidémie dans les jours et les semaines à venir.