Covid : "La vague monte beaucoup plus vite qu’au printemps”
Touché de plein fouet par la deuxième vague de l’épidémie, le personnel hospitalier fait tout pour tenir. Mais, Frédéric Valletoux, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), est inquiet.
Les chiffres de l’épidémie de la COVID-19 ne s’améliorent toujours pas. Pour la première fois depuis le mois d’avril, il y a eu 540 nouveaux patients admis en réanimation ces dernières 24 heures. La hausse est continue depuis plusieurs semaines. Et d’ici mi-novembre, certains services de réanimation risquent d’être complètement saturés. Le point avec Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF).
- Plus de 4000 patients COVID sont désormais hospitalisés en réanimation. Etes-vous inquiet ?
F. Valletoux : “On est inquiet parce que la vague monte beaucoup plus vite qu’au printemps et on sait que les services hospitaliers vont être beaucoup plus sollicités. En plus, cette deuxième vague touche tout le territoire. Il n’y aura pas les renforts qu’ont pu obtenir ceux qui étaient beaucoup plus au front au printemps. La fatigue, l’épuisement est donc réel dans les établissements. Pour certains hospitaliers du Grand Est et de l’Ile-de-France, le tunnel a démarré en février. On est en novembre... Et les jours qui viennent s’annoncent très difficiles.”
- Faut-il durcir encore le confinement ?
F. Valletoux : “Ce qu’il faut, c’est de la clarté, de la lisibilité pour que cela soit accepté par les Français. Et, si on doit aller vers un tour de vis supplémentaire aux mesures de confinement, c’est parce que les premiers chiffres qu’on aura dans quelques jours, l’impact réel de ce deuxième confinement, sont mauvais. Et si les chiffres sont mauvais, oui il faudra aller plus loin dans les mesures... Il y a la question de la fermeture des lycées, très clairement, puisque beaucoup de médecins l’ont posée. On voit qu’il y a aussi des contaminations dans les lycées. Il y a beaucoup de cas positifs et de professeurs touchés. Il y aussi, sans doute, la question du soir, du couvre-feu, que pose la maire de Paris. Mais cette question se pose aussi dans beaucoup de grandes villes. Ce débat-là ne peut pas être décousu car il est compliqué. C’est vraiment au gouvernement de fixer les règles.”
- Que se passera-t-il si les services de réanimation sont saturés ? Les médecins devront-ils, par exemple, choisir dans l’urgence de prendre en charge un accidenté de la route ou un patient covid ?
F. Valletoux : “Bien-sûr que cela peut arriver. C’est arrivé en Italie et en Espagne. On a vu les images, qui nous ont assez traumatisés, en Italie en février où les hôpitaux débordaient et où les patients qui étaient sur des civières à l’accueil attendaient des heures ou des jours entiers... On a évité ça au printemps en France. Et, tout le monde veut éviter ça maintenant. Néanmoins, l’augmentation des capacités n’est pas infinie. La capacité de trouver des renforts et du personnel n’est pas infinie non plus. Les transferts de patients, c’est limité. Donc si la vague va trop loin, si le confinement n’est pas bien respecté, alors oui les médecins vont se trouver dans des dilemnes qui sont difficiles, même pour eux. Le quotidien d’un médecin, c’est de choisir. Quel traitement ? Quel type d’intervention ? Mais, quand c’est pour sauver des vies et que vous avez une masse de choix à faire qui dépassent l’entendement, ça devient douloureux. Et le risque, c’est de choisir par des critères qui seraient arbitraires. Et, personne ne veut vivre ça.”