Peut-on retarder la deuxième injection du vaccin Pfizer-BioNTech ?
Face au nombre limité de doses disponibles, les Britanniques ont décidé de décaler la deuxième injection prévue pour le vaccin Pfizer-BioNTech. Cette décision pourrait avoir un impact sur son efficacité.
- Pourquoi les Britanniques ont pris une telle décision ?
Ils font actuellement face à une crise sanitaire bien plus grave qu’au printemps dernier à cause du nouveau variant du virus. Celui-ci serait en effet bien plus contagieux. Les Britanniques ont donc pris des mesures d’urgence et notamment le report de la deuxième dose de vaccin.
- La première injection permet-elle de protéger efficacement les patients ?
En théorie, selon l’autorisation de mise sur le marché, l’efficacité de ce vaccin repose sur la réalisation d’une première injection suivie, 21 jours plus tard, d’une seconde. C’est seulement après ce protocole qu’une protection de 95% est obtenue, même avec 3 mois de recul selon les données publiées dans le New England Journal of Medicine. Mais, les auteurs donnent aussi des éléments sur le suivi des patients entre les deux doses. Dès le 12ème jour après la première injection, l’efficacité serait au moins de 52%.
- Une efficacité de 52% après une seule dose : est-ce suffisant ?
Ce n’est pas idéal, bien sûr, comme l’a expliqué hier à ses concitoyens le Professor Chris Whitty, responsable de l’équivalent de notre conseil scientifique. Mais, comme le nombre de doses disponibles aujourd’hui est trop restreint, il vaut mieux protéger ainsi plus rapidement deux fois plus de personnes. La Société Britannique d’Immunologie a donné son feu vert. Celle-ci considère que « le report de la seconde dose ne devrait pas avoir un effet négatif sur la réponse immunitaire finale ». Autrement dit, on atteindrait bien au final les 95% de protection. Mais, à condition de ne pas dépasser les 12 semaines.
- Cette stratégie a-t-elle été validée par l’Organisation Mondiale de la Santé ?
Hier, l’OMS a admis la possibilité de ce report dans des circonstances exceptionnelles. En cas d’épidémie gravissime, cette option peut permettre de maximiser le nombre de personnes qui bénéficieraient d’une protection. Aujourd’hui, la France ne se sent pas concernée. Elle suit donc les conditions de l’autorisation de mise sur le marché. Mais, cela pourrait changer si la nouvelle souche anglaise se diffuse plus fortement sur notre territoire.