Pollen et covid : un cocktail explosif ?
Les concentrations élevées de pollen dans l’air, caractéristiques du printemps, risquent d’accentuer le nombre d’infections au coronavirus, selon une étude. En cause : les grains de pollen qui réduiraient l'intensité de la réponse immunitaire.
Le printemps revient et avec lui, le pollen. Et cela pourrait aggraver encore le nombre de contaminations au covid-19, selon une étude publiée le 8 mars 2021 dans le journal scientifique PNAS. Encadrée par des chercheurs de l’université allemande de Munich, cette étude internationale établit un lien entre la hausse de la concentration de pollen dans l’air et le taux d’infection au SARS-CoV-2.
Plus il y a de pollen, plus il y a d’infections
Pour leur recherche, les scientifiques ont collecté plusieurs données dans 130 localités réparties dans 31 pays sur les cinq continents : les concentrations de pollen dans l’air, les conditions météorologiques, le nombre d’infections au coronavirus mais aussi la densité de population et les mesures de confinement locales, entre le 1er janvier et le 8 avril 2020.
Résultat : selon les chercheurs, le pollen en suspension dans l’air pourrait expliquer 44% de la variation des taux d’infection. L’humidité et la température joueraient également un rôle.
Plus précisément, en l’absence de mesures de confinement, les taux d’infection grimperaient de 4% pour chaque augmentation de 100 grains de pollen par mètre cube d’air.
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Une réponse immunitaire moins forte
Mais comment expliquer ce lien ? Lorsqu’un virus comme le SARS-CoV-2 pénètre dans l’organisme, les cellules infectées envoient un signal pour demander au système immunitaire d’intensifier ses défenses antivirales. Ce signal est constitué de protéines, appelées des interférons antiviraux.
Mais quand les concentrations de pollen sont élevées, les grains de pollen sont inhalés en même temps que les particules virales. Ils troublent les signaux, et moins d’interférons sont générés. Conséquence, la réponse immunitaire est moins forte et l’organisme plus facilement infecté par le virus.
Et que vous soyez ou non allergique au pollen ne change rien au problème, selon les auteurs de l’étude.
Porter un masque filtrant
Problème, l’exposition au pollen est inévitable. Les personnes à haut risque doivent donc prendre en compte ce facteur et savoir que "des concentrations élevées de pollen dans l’air entraînent une susceptibilité accrue aux infections virales des voies respiratoires", note la docteure Stefanie Gilles, co-autrice de l’étude, dans un communiqué de l’université de Munich.
Pour la docteure Claudia Traidl-Hoffman, également co-autrice, une bonne solution est de porter un masque filtrant les particules - comme les masques chirurgicaux, les masques FFP2 ou les masques anti-pollution - les jours de concentrations élevées de pollen. Ce type de masque peut "empêcher à la fois le virus et le pollen de pénétrer dans les voies respiratoires".
Et ce facteur, comme les conditions météorologiques ou les pics de pollution, doivent être pris en compte pour prévenir et atténuer la propagation du coronavirus, concluent les auteurs de l’étude.