VIH : les souches résistantes aux antiviraux continuent leur progression
Au cours de ses réplications, le virus responsable du sida peut acquérir des résistances aux médicaments antiviraux. Une étude portant sur 50.870 patients originaires de 111 pays, a permis d’estimer l’évolution du nombre de malades infectés par ces virus résistants. Les résultats ont été publiés ce 7 avril dans la revue PLOS Medicine.
La proportion de malades infectés par une souche résistante est actuellement estimée à 2,8% en Afrique sub-saharienne, à 2,9% en Asie du Sud et du Sud-Est et à 5,6% dans les pays asiatiques "à revenu élevé". Concernant l'Amérique latine et les Caraïbes, cette prévalence est de 7,6%, tandis que les chiffres pour l’Europe et l’Amérique du Nord sont respectivement de 9,4% et de 11,5%.
Les chercheurs estiment que la proportion de malades infectés par ces virus résistants augmente annuellement entre 5% et 14% en Afrique sub-saharienne. La progression annuelle est estimée entre 12% et 55% dans les pays d’Asie à revenu élevé, entre 6% et 25% dans l’Amérique latine et les Caraïbes, entre 1% et 13% en Europe, et entre 12% et 26% en Amérique du Nord. En Asie du Sud et du Sud-Est, aucune augmentation n’a en revanche pu être établie.
Selon les chercheurs, seul un nombre limité de mutations serait responsable de la plupart des cas de transmission du VIH résistant aux médicaments. Alors que 93 mutations sont aujourd’hui connues pour engendrer une résistance aux antiviraux, seules quatre d’entre elles seraient impliquées dans 80% des infections.
"Les taux de transmission du VIH résistant aux médicaments ont augmenté modestement dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires, qui sont les plus touchés par le VIH", observe dans un communiqué le professeur Shafer, principal auteur de l’étude, jugeant qu’il s’agit là de "bonnes nouvelles". Toutefois, il juge "inévitable" que la résistance aux médicaments poursuive sa progression. "Nous avons donc besoin de poursuivre notre surveillance continue afin de garantir le succès des traitements au long cours de millions de personnes dans le monde entier."
Le chercheur note que les résultats de cette étude pourraient justifier l'élaboration d'un test peu coûteux permettant d’identifier les mutations clés du VIH, afin d’aider à déterminer quels médicaments devraient être administrés aux malades.
Source : Geographic and Temporal Trends in the Molecular Epidemiology and Genetic Mechanisms of Transmitted HIV-1 Drug Resistance: An Individual-Patient- and Sequence-Level Meta-Analysis. R.W. Shafer et coll. PLOS Medicine, 7 avril 2015. doi: 10.1371/journal.pmed.1001810