Silice : un risque élevé de maladies pulmonaires pour des milliers de travailleurs
Les poussières de silice cristalline qu’inhalent les travailleurs du BTP, de la construction mais aussi les personnes férues de bricolage, les exposent à des risques élevés de cancers broncho-pulmonaires et de silicoses, selon une étude de l’Anses.
Des milliers de travailleurs sont concernés. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte sur les risques d’exposition à la silice cristalline, un minéral impliqué dans le développement de maladies respiratoires telles que le cancer broncho-pulmonaire et la silicose pulmonaire.
Travailleurs du BTP et de la construction
Précisément, l’Anses estime dans son étude publiée le 22 mai 2019 que 23.000 à 30.000 travailleurs seraient exposés à des niveaux supérieurs à la valeur limite en vigueur. Pire, près de 365.000 travailleurs seraient exposés à un risque sanitaire "particulièrement élevé" lié à une inhalation de silice cristalline. Les principaux secteurs professionnels concernés sont ceux de la construction et du BTP : le secteur de la construction, en premier, "suivi de celui de la fabrication de produits minéraux non métalliques, de la métallurgie et des industries extractives", observe en effet l’Anses. Et pour cause : la silice industrielle et les matériaux contenant de la silice cristalline sont utilisés comme matière première dans de nombreuses applications telles que la verrerie, la fonderie, les caoutchoucs, les peintures, les constructions utilisant des bétons, des mortiers ou des enduits de façade.
Silicose, cancer, maladie auto-immune…
Conséquence de l’utilisation industrielle de la silice : l’apparition de maladies autrefois réservées aux mineurs. C’est notamment le cas de la silicose pulmonaire, une pathologie respiratoire provoquée par l’inhalation de poussière de silice cristalline et caractérisée par une fibrose pulmonaire nodulaire. Un lien direct est aussi établi entre l'inhalation des poussières de silice cristalline et le risque de cancer broncho-pulmonaire.
Outre ces deux maladies, l'étude de l’Anses confirme "le risque de développer une maladie auto-immune comme la sclérodermie systémique, le lupus systémique et la polyarthrite rhumatoïde". De même, "l’exposition à la silice cristalline augmente le risque de développer des pathologies respiratoires non malignes autres que la silicose telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’emphysème, la tuberculose."
Bricoleurs et propriétaires de chat aussi exposés ?
Et comme la silice est présente dans de nombreux matériaux transformés utilisés dans la construction, quels sont les risques pour la population générale ? Le principal danger concerne les "bricoleurs, en contact avec des matériaux spécifiques qu’ils poncent ou qui percent du béton", explique à l’AFP Guillaume Boulanger, expert à l’unité d’évolution des risques liés à l’air à l’Anses. Pour diminuer ce risque, une seule solution : "travailler en milieu aéré avec un masque de protection", selon l’expert de l’Anses.
Et qu’en est-il enfin des propriétaires de chat, amenés à manipuler régulièrement leur litière souvent composée de granulés de silice ? Les tests pratiqués par l’Anses sont rassurants et ne font état que de "niveaux très faibles d’émission de poussières", a priori sans conséquences pour la santé.
La silice cristalline est un minéral présent à l’état naturel dans le sable, le granit et la roche. Elle est classée cancérogène depuis 1997 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).