La cryothérapie : les dangers de cette nouvelle technique anti-douleur
Initialement utilisée pour les sportifs de haut niveau, la cryothérapie est aujourd'hui indiquée dans la prise en charge de diverses pathologies. Mais selon l'Inserm, cette technique n'est pas sans dangers...
Hugh Jackman, Mandy Moore, Kylian Mbappé ou encore Joyce Jonathan… Ces célébrités n’hésitent pas à afficher sur les réseaux sociaux leur penchant pour ce phénomène de mode : la cryothérapie. Réputée pour lutter contre l’inflammation, les douleurs ou la fatigue, la cryothérapie séduit de plus en plus. Mais elle améliore surtout la récupération musculaire, indispensable pour les sportifs de haut niveau.
C’est pour cette raison qu’à l’INSEP, une salle est exclusivement consacrée à cette technique. Braver le froid peut permettre de se remettre plus rapidement d’une compétition sportive ou d’une blessure.
Soigner par le froid
La cryothérapie du corps entier est la technique utilisée ici : pendant 3 minutes, ce sportif va s’immerger dans un froid sec et intense, généré électriquement. Pour Jean-Robert Filliard de l'INSEP, il n’est pas "pas dangereux d’exposer son corps à moins 110 degrés dans la mesure où l’on a pris un certain nombre de précautions. A l’insep, nous faisons systématiquement un bilan de non contre-indication avant la première séance”.
Yannick Borel, le Champion d’escrime pense que ces séances valent la peine: “La dernière minute est très dure, à soutenir mais c’est là je pense que l’action va être encore plus efficace donc on se dit juste tiens bon parce que ça va te faire du bien”.
"Je ne sentais plus du tout mes pieds"
C’est aussi ce que pensait Vincent Leclerq. Il a testé cette méthode pour la première fois en 2017, chez un prestataire proche de sa salle de sport. Et ça a été la dernière. “ Au bout de 2 minutes je lui ai dit ça me fait vraiment trop mal faut qu’on arrête la séance, il m’a dit il reste 10 secondes on va aller jusqu’au bout, en fait il ne restait pas 10 secondes mais plus de 30 secondes. Quand j’ai commencé à essayer de marcher, je ne sentais plus des tous mes pieds”, raconte-t-il.
Et il décrit l’horreur qui a suivi : “Au bout d’une minute supplémentaire il m’a enlevé les bottes et c’est là qu’on a constaté qu’il y avait de l’azote liquide dans les bottes. L’azote s’est répandu sur la totalité de son sol, ça a explosé son parquet. Quand j’ai vu mes pieds, j’ai eu la sensation de voir des escalopes de poulet qu’on sort du congélateur, hyper cristallisés, totalement blancs, c’était un peu paniquant. Arrivé à l’hôpital, je tapais avec ma tête sur les murs, j’en pouvais plus, je hurlais comme pas possible… Tellement j’étais dans un état de folie complète.”
Dès cet instant, commence une longue série de soins : une quinzaine d’opérations pour enlever ses nécroses, une greffe de peau directement prélevée sur sa cuisse et de la rééducation. Depuis, il ne peut plus se déplacer sans ses béquilles et a arrêté son activité professionnelle.
Une technique sans réglementation
Actuellement, il n’existe aucune législation qui encadre cette technique. Tout le monde peut ouvrir un centre de cryothérapie, sans aucun prérequis. Alors pour repérer les pratiques dangereuses, l’INSERM a mené l’enquête.
Pour Soumaya Ben Khedher Balbolia de l’INSERM, il faut être très vigilant : “Certains centres de cryothérapie ont un discours assez trompeur, allant jusqu’à la proposer pour de nombreuses pathologies notamment pour le cancer. Donc dans ce cadre-là il y a vraiment une crainte et un risque de pertes de chances qui inciteraient les patients à abandonner leurs traitements conventionnels pour une pratique qui peut être considérée comme alternative.”
Des effets secondaires réels pour peu d’effets bénéfiques prouvés concluent ces chercheurs dans leur rapport. Les bienfaits de la cryothérapie seraient modestes, sur une courte période, de seulement 3 semaines.