Écoute au casque ? Baissez le son !

Plus de 60% des utilisateurs de casque (et d'écouteurs) âgés de 15 à 35 ans ne réduiraient jamais le volume de la musique écoutée, selon les résultats d'une enquête menée en 2014 par l'Inpes, et publiée ce 19 janvier.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Écoute au casque ? Baissez le son !

En 2014, l'Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) a interrogé les "comportements, attitudes et connaissances" des Français âgés de 15 à 35 ans quant à leurs pratiques d'écoute de musique amplifiée (écoute au casque, concerts avec haut-parleurs, etc.). Un peu plus de 4.800 personnes ont participé à l’enquête.

"L’écoute de musique amplifiée via un casque ou des écouteurs s’est développée ces dernières années chez les 18-35 ans", observent les auteurs de l’étude. "Elle concernait 47% des personnes interrogées en 2007 alors qu’elles étaient 69,7% en 2014." Ce chiffre s'élève à 73,2%, lorsqu'on inclut les 15-17 ans dans les calculs [1]. Une augmentation "cohérente avec les évolutions technologiques qui ont généralisé l’accès à la musique (plateformes de téléchargement, lecteurs MP3, smartphones, tablettes), notamment dans les situations de déplacement".

Le constat serait banal si les excès n'étaient pas monnaie courante. Selon l'étude, l'usage fréquent et intensif concernait 13,3% des sondés, et même 25,4% des 15-19 ans [2]. Et parmi les personnes utilisant un casque "plusieurs fois par semaine", seuls 15,9% déclaraient diminuer fréquemment le volume sonore (ou réduire la durée d'écoute) pour protéger leurs oreilles. Ceux qui ne le faisaient "rarement ou jamais" étaient 60,7%. Or, ces derniers étaient généralement des utilisateurs "intensifs" de leur appareil…

Les auteurs de l'enquête rappellent que, selon une étude réalisée en 2014 par l'association La Semaine du son, 85% des 15-45 ans déclarent aimer écouter fort la musique, principalement pour l’ambiance (38%) et pour la qualité du son (30%). "Rechercher un volume sonore élevé [semble être] au centre des pratiques d’écoute des musiques amplifiées", s’inquiètent-ils. Or, cette pratique "représente, du point de vue de la santé publique, un risque important d’augmentation des cas de perte de facultés auditives en population générale, avec un coût potentiellement très élevé pour la collectivité [3]."

Sans compter que la compression numérique des données audio n'est pas sans effet à long terme sur l'audition...

Au vu de ces données, les chercheurs jugent plus que jamais nécessaire "de renforcer, d’améliorer et de développer des programmes de prévention, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes".


[1] A noter que la quasi-totalité des 15-19 ans (96,2%) interrogés utilisent casques ou écouteurs.

[2] Les résultats variaient selon certains facteurs sociodémographiques. Selon l’étude, l’utilisation intensive des écouteurs est plus fréquente chez les personnes résidant dans des grandes villes (plus de 100.000 habitants). Par ailleurs, selon les données analysées, les personnes non scolarisées ou sans activité professionnelles tendent à faire un usage moins modéré du casque, de même que les personnes vivant dans un foyer monoparental.

[3] Les chercheurs rappellent que, selon une évaluation du Comité scientifique européen des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN) de la Commission européenne, datée de 2008, "les pertes auditives [précoces] seraient notamment associées à un retard dans les apprentissages chez les enfants, à une mauvaise insertion professionnelle ou encore à un risque de dépression."

En mars 2015, l’OMS soulignait que la moitié des cas de déficience auditive pourraient être évités par la prévention primaire.

Selon ces mêmes données, près de 50% des jeunes âgés de 12 à 35 ans des pays "ayant un produit national brut (PNB) intermédiaire à élevé seraient exposés à des niveaux sonores dangereux liés à l’écoute de musiques dites amplifiées [via baladeur numérique ou smartphone]"