La syllogomanie ou l'accumulation pathologique d'objets
Un appartement qui ressemble à un capharnaüm ou qui accueille quelques douzaines de chats et leurs excréments… C'est le cadre de vie des personnes souffrant de syllogomanie, une affection psychiatrique conduisant à accumuler des "objets" divers. Zoom sur cette maladie invalidante, encore mal comprise.
La syllogomanie est une maladie qui se caractérise par une accumulation compulsive et excessive d'objets. A l'extrême, elle prend la forme du médiatique syndrome de Diogène, associant l'accumulation pathologique, l'isolement social et la mauvaise hygiène. Ce comportement s'explique par une incapacité à se séparer des objets : jeter est impossible car source de trop de souffrance Le domicile est alors jonché de journaux, de courrier, de vaisselle, de vêtements, d'appareils ou même d'animaux,… Ils limitent l'espace de vie et ils empêchent souvent l'accès à certaines pièces, voire la quasi totalité.
Les personnes souffrant de syllogomanie présentent souvent certains traits communs : elles sont perfectionnistes, sentimentales avec les objets et présentent des difficultés à prendre des décisions.
Le retentissement de cette affection est facilement imaginable : les personnes s'isolent en ayant honte de leur domicile. Elles sont la proie d'une grande détresse : leur qualité de vie est altérée et la dépression guette la majorité des patients. Leur santé est parfois mise en jeu lorsque la syllogomanie concerne les aliments qui deviennent avariés, ou des combustibles susceptibles de créer un incendie. De plus, elles se voient contraintes de négliger l'hygiène et l'entretien de leur domicile du fait de l'accumulation. L'insalubrité n'est pas rare…
La fréquence est difficilement appréciable, l'ordre de 200.000 personnes concernées à un moment de leur vie est évoqué, soit 2 à 5% de la population.
Syllogomanie : des causes incertaines
Cette affection peut être primaire (en d'autres termes, exister par elle-même, sans dépendre d'autres troubles) ou secondaire à une maladie (comme les troubles obsessionnels compulsifs, la schizophrénie, la démence, certains AVC, la toxicomanie).
Son origine précise reste du domaine de l'inconnue : la génétique jouerait un rôle, comme le suggère l'existence dans certaines familles de plusieurs cas. Certaines études ont évoqué une cause cérébrale mais nécessitent d'être corroborées. Des chercheurs ont ainsi identifiés grâce à l'imagerie les régions du cerveau impliquées dans la maladie (région préfrontale médiane, cortex singulaire, système limbique)
Quelles solutions ?
La prise en charge est multiple et a pour but d'améliorer la situation du patient sur le plan médical et à domicile. Elle fait appel aux médicaments antidépresseurs, plus efficaces s'ils sont associés aux thérapies cognitives et comportementales[1]. Si la syllogomanie fait suite à une affection, le traitement de celle-ci améliore le symptôme psychiatrique. Cette maladie pose également le problème du maintien à domicile.
La maladie est la source de coûts importants, à la charge de la société : les "nettoyages" du domicile peuvent angoisser terriblement les patients, qui reproduiront parfois l'accumulation ailleurs. Aux Etats-Unis, des programmes de soutien communautaire permettent de réduire de l'isolement social et les risques pour la sécurité du patient.
Sources :
- College of Family Physicians of Canada : Aborder la syllogomanie en médecine familiale
- La réponse du psy : La syllogomanie ou la thésaurisation pathologique
- Revue médicale de Suisse : Syllogomanie, symptôme ou syndrome ?
[1] Pharmacotherapy of compulsive hoarding. Saxena. Clin Psychol. 2011 May;67(5):477-84. doi: 10.1002/jclp.20792.