Faute de moyens, la prise en charge en psychiatrie se dégrade
Le Collectif Inter Hôpitaux alerte sur les recours aux pratiques de contention et d’isolement, en hausse ces dernières années, faute de moyens adaptés.
“Quand j’arrive à l’hôpital, pour ne pas que je circule dans les couloirs des urgences, on m’attache au lit”. Joan, 33 ans, a vécu cette scène à plusieurs reprises. Le jeune homme, atteint de troubles psychiques, ne comprend pas cette mesure : “Vous allez à l’hôpital pour vous faire aider, et tout ce qu’on trouve à faire, c’est vous attacher."
La contention mécanique aux urgences et l’isolement des patients en psychiatrie sont des pratiques que l’on croyait disparues mais pourtant, elles réapparaissent à l’hôpital. Faute de moyens, les soignants se trouvent contraints de les utiliser et les qualifient eux-mêmes “d’atteintes aux droits et à la dignité des patients.”
Manque de moyens et de personnel
Dans les services, le rythme de travail est effréné pour des soignants de moins en moins nombreux. “Dans une unité, quand vous êtes seulement deux ou trois soignants pour vingt patients, il y a nécessairement des tensions”, raconte Laurent Vassal, psychiatre, membre du Collectif Inter-Hôpitaux.
Ce groupement de professionnels de santé réclame plus de moyens et a alerté la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot. Cette dernière exprime sa grande inquiétude et demande l’arrêt de ces pratiques : “Il y a des endroits où, malgré le manque de moyens, les médecins arrivent à ne pas les utiliser grâce à des techniques de désescalade, d’apaisement etc. J’ai peur qu’à force de se dire qu’on n’y arrive pas, qu’on est débordés, on s’habitue à ces mesures.”
Des assises de la psychiatrie et de la santé mentale sont prévues pour juin 2021. D’ici là, une grande consultation des familles, des patients et citoyens a lieu en ligne jusqu’au 31 mai.