En finir avec l'apnée du sommeil
C'est dans un état de constante fatigue que les personnes souffrant d'apnée du sommeil se réveillent... À cause d'un arrêt de la respiration, la nuit est entrecoupée d'efforts importants pour reprendre son souffle. Mais comment peut-on arrêter de respirer en dormant ?
Qu'est-ce que l'apnée du sommeil ?
Des arrêts respiratoires momentanés pendant le sommeil, qui durent entre 10 et 30 secondes et se répètent plusieurs fois par nuit... C'est ce qu'on appelle l'apnée du sommeil. Plus de 5% des adultes en souffriraient. En majorité des hommes, à partir d'une trentaine d'années.
Il existe plusieurs formes d'apnée du sommeil. La plus fréquente est l'apnée obstructive du sommeil. L'air ne peut plus pénétrer dans les poumons car les voies aériennes supérieures se bloquent.
L'air circule dans les voies aériennes, il entre par la bouche, continue vers le pharynx, puis descend vers le larynx, pour aller jusqu'aux poumons. Le blocage de l'air a lieu pendant le sommeil. Le plus souvent, ce sont les tissus mous, comme la langue ou la luette au fond de la gorge, qui en sont responsables.
Pendant la nuit, lorsque le patient s'endort, la langue et la luette se relâchent ainsi que les muscles de la gorge. Le passage devient de plus en plus étroit, l'air a du mal à passer. Quand le passage se ferme, les parois se collent entre elles, la personne ne peut alors plus respirer, c'est l'apnée. Une situation aggravée par l'excès de poids car la graisse s'installe aussi dans la gorge et la langue.
Il existe une autre forme d'apnée, plus rare : l'apnée centrale. Dans ce cas, c'est le cerveau qui provoque l'arrêt respiratoire. Enfin, il y a des cas d'apnée dite mixte quand il y a à la fois un blocage des voies aériennes et une commande du cerveau.
Dans tous les cas, les symptômes provoqués sont les mêmes : des ronflements puissants, des pauses respiratoires ! Mais au-delà de l'état de fatigue, de la somnolence et du manque de concentration qu'elle entraîne, l'apnée du sommeil peut également avoir des conséquences graves sur la santé, notamment au niveau cardiaque et cérébral.
Quand le sommeil n'est plus réparateur
La fatigue est également une constante, toute la journée ou le matin au réveil. Le sommeil est en effet fragmenté de réveils très courts, il n'est pas réparateur, donc le malade somnole souvent dans la journée. Il peut même s'endormir à n'importe quel moment, parfois dans des circonstances dangereuses, comme au volant d'une voiture. L'apnée du sommeil multiplie ainsi par six le risque d'accident de la circulation.
Le malade n'a pas forcément conscience de ses troubles et c'est souvent l'entourage qui se rend compte de l'apnée du sommeil. Un examen approfondi du sommeil, avec analyse des apnées (polysomnographie), permet de poser le diagnostic.
Diagnostiquer et adapter les traitements à chaque patient c'est le rôle des centres de sommeil. Les patients dorment à l'hôpital, pour que leur sommeil et leurs ronflements soient étudiés.
Traiter l'apnée du sommeil
Si l'apnée du sommeil est plus importante, plusieurs choix sont possibles : des dispositifs dentaires permettent d'élargir les voies aériennes durant la nuit. Ce sont des orthèses moulées à la taille de la bouche, qui maintiennent la mâchoire du bas ouverte et la langue en avant.
Mais actuellement, le traitement de référence est la ventilation spontanée en pression positive continue. Cette technique maintient la gorge ouverte en délivrant une pression assez forte pour empêcher que les voies aériennes se ferment. Elle empêche donc le ronflement et l'apnée.
Ce système est très efficace mais n'est pas facile à utiliser, puisqu'il faut fixer sur son visage un masque relié au système de pression, ce qui provoque des sécheresses du nez et des marques rouges autour du nez. Pour apprendre à bien l'utiliser, des séances d'éducation thérapeutique sont proposées à l'hôpital.
Lors de ces séances, l'infirmière fait répéter au patient les principaux gestes pour bien utiliser la machine. "Les principales difficultés que rencontrent les patients sont essentiellement l'adhésion au masque. Porter un masque, régler un masque... est difficile, il faut être aidé, corrigé les signes d'inconfort liés à la sécheresse de l'air. L'air délivré par la machine étant plus sec que l'air que nous respirons", explique Anne Campana, infirmière au centre du sommeil de l'hôpital Saint-Antoine (Paris).
Il existe un autre type de traitement plus récent : les radiofréquences. Cette technique rétrécit le tissu dans la gorge ou la langue, en chauffant l'intérieur des tissus. Le but est de faire plus d'espace dans la gorge.
Enfin, dernier traitement possible : la chirurgie pour apnée du sommeil. Elle enlève ou réduit les obstacles dans la voie aérienne. Mais si cet acte opératoire est efficace pour les ronflements, il l'est beaucoup moins pour les apnées.
Apnée du sommeil : la pose d'orthèse
Quand ils ne supportent pas l'appareil de pression positive continue, et que leur dentition le permet, les patients souffrant d'apnée du sommeil peuvent bénéficier d'une orthèse d'avancée mandibulaire. Un nouveau type d'orthèse est testé actuellement à l'hôpital St Antoine.
Une matière thermoformable qui ramollit sous l'effet de la chaleur, c'est l'intérêt de ce nouveau dispositif. Contrairement aux orthèses traditionnelles, pas de prise d'empreintes, tout est fait en un seul rendez-vous.
En quelques minutes l'orthèse est prête. C'est certes rapide mais les effets secondaires restent les mêmes. Si ce nouveau type d'orthèse a une durée de vie plus courte que les modèles classiques, il constitue une bonne alternative dans certains cas comme l'explique le Dr Maguy Levy, chirurgien dentiste : "Certains patients sont extrêmement angoissés à l'idée de porter une orthèse. Mais tester ce nouveau dispositif leur permet de prendre confiance et de mettre ensuite l'orthèse plus confortable sur mesure".
Ce nouveau type d'orthèse, disponible chez les dentistes, stomatologues et ORL, coûte environ 200 euros, non remboursés par la Sécurité sociale.