Insomnies : les médicaments, seulement en dernier recours ?
Ma mère prend, de temps en temps, un anxiolytique quand elle se réveille en pleine nuit pour se rendormir. Est-ce que ça doit rester très ponctuel ?
Les réponses avec le Dr Nicolas Juenet, psychiatre spécialiste du sommeil :
"Non seulement la prise d'anxiolytique doit rester très ponctuelle mais même dans l'absolu, il faudrait essayer tout autre moyen que les médicaments. D'une façon générale, l'anxiolytique ne va pas vraiment faire dormir, il va plutôt sédater, anesthésier. On sait que le sommeil sous anxiolytique est de moins bonne qualité que le sommeil naturel. On le perçoit d'ailleurs quand on enregistre les personnes à l'unité de sommeil. Si on enregistre le sommeil d'une personne avec un électroencéphalogramme alors qu'elle prend des médicaments type anxiolytique ou somnifère, un médecin du sommeil le remarque très rapidement. Sur le tracé du cerveau, on va avoir des marqueurs de la présence de cette molécule.
"La prise de médicament entraîne un sommeil qui n'est pas de bonne qualité. De plus, les anxiolytiques ont une durée d'action assez longue. Quand on prend un anxiolytique en milieu de nuit, au mieux il va encore agir un peu le matin voire même potentiellement jusqu'en fin de journée. Ce médicament peut donc par effet résiduel, entraîner de la somnolence, des pertes de capacités, un risque de chute très important notamment chez la personne âgée… L'anxiolytique de la veille continue d'agir a minima le lendemain.
"On dispose de traitements qui peuvent favoriser le sommeil, ou en tout cas lutter contre l'excès d'éveil. Paradoxalement, ce ne sont pas forcément les anxiolytiques et les somnifères puisque leur processus d'une façon générale empêche l'éveil mais aussi le sommeil. Ils vont nous empêcher de nous réveiller mais dans la mesure où un médecin du sommeil considère qu'ils ne font pas vraiment dormir, ce n'est pas vraiment utilisable. En revanche, on a parfois des traitements qui peuvent aider les gens à maintenir la nuit. Ces traitements à base de mélatonine peuvent avoir cet intérêt. Mais pas la mélatonine pure que l'on peut trouver assez facilement mais qui a une durée d'action très courte (30 minutes, une heure maximum). On va donc plutôt préconiser la mélatonine à libération prolongée qui permettra une action diffuse sur six ou huit heures."