Obésité : quand une IA prédit la perte de poids après une opération bariatrique
Un nouvel outil qui s'appuie sur l'intelligence artificielle (IA) peut prédire, avant l’opération, la perte de poids dans les cinq années qui suivent une chirurgie de l’obésité. Reportage au CHU de Lille.
Émilie ne supporte plus ce corps qui la rend malade. Depuis l’arrêt de la cigarette et les années Covid, elle a pris 40 kilos et basculé dans l’obésité dite morbide. Pour préserver sa santé, elle doit maigrir. Tous ses espoirs reposent sur la sleeve, une chirurgie qui consiste à réduire la taille de son estomac.
Eviter les déceptions et se préparer
"Ce que j’attends de l'opération, c’est de retrouver un corps qui me correspond, qui me ressemble et pas un corps de mamie ankylosée de partout, qui ne peut plus bouger. C'est vraiment l’espoir d’une nouvelle vie", confie Émilie, 41 ans.
Pour éviter des déceptions ou des attentes irréalistes, Émilie va être aidée par l'intelligence artificielle. Et plus précisément par un outil développé par les médecins du CHU de Lille et les ingénieurs de l’INRAE.
Cette application est capable de prédire la perte de poids de manière personnalisée, jusqu’à cinq ans après l’intervention.
"C'est l'inverse des IA effrayantes"
"Ça nous donne une trajectoire de poids. Votre poids est là, vous allez perdre assez brutalement en quelques mois. Ce sont trois phases que je peux vous donner d'avance. La chute rapide du poids, la reprise partielle d'une partie modeste et ensuite la stabilisation", explique le Pr François Pattou, chirurgien viscéral et digestif au CHU de Lille.
Il aura quand même fallu trois ans de travail pour recueillir les données de 10 000 patients partout dans le monde, et livrer 15 ans de suivi médical à des algorithmes. L’idée peut faire peur, à tort, pour l’initiateur de ce projet. "C’est l’inverse de cette IA un peu effrayante qui nous déshumanise... C’est solide, c’est scientifique, ce ne sont pas des croyances, des impressions, mais ça facilite la communication, ça permet au médecin de parler, qu’on puisse leur expliquer ce qu’on voit ensemble", poursuit le Pr François Pattou.
Un outil bientôt accessible chez le généraliste
Sans l’interprétation du médecin, les résultats fournis par l’intelligence artificielle n’ont aucune valeur ajoutée. "C’est illusoire de penser qu’on peut prédire pour chacun d’entre nous, exactement à une minute près, tout ce qui va se passer. En revanche, le fait d’avoir sur cette courbe, une zone de confort, ce qui est normal au sens mathématique, dans laquelle beaucoup de patients se retrouvent, peut faire prendre conscience qu'il se passe quelque chose et qu'il faut rectifier", confie le Pr François Pattou.
En effet, un écart sur cette courbe, est un motif de consultation, auprès de son chirurgien bien sûr, et bientôt de son généraliste. Car l’objectif de cet outil est d’être accessible à tous, pour un meilleur suivi.