Livreur à vélo : un métier à risques
Depuis quelques semaines, les livreurs à vélo dénoncent des conditions de travail précaires, qui les obligent à mettre leur santé en danger.
Il a accepté de témoigner à condition seulement de ne pas être reconnu. Le jeune homme de 30 ans ne veut pas perdre son travail. Depuis un an, il livre des repas à vélo le soir et le week-end en complément d’une autre activité. Un travail physique et parfois même dangereux : "il faut être extrêmement prudent et vigilant. Il faut contrôler ses angles morts à chaque fois qu’on tourne, être attentif en permanence aux piétons, essayer d’anticiper… En plus, on va assez vite. C’est très dur parce qu’il fait très chaud. On transpire beaucoup donc il faut bien s’hydrater".
Un statut d'auto-entrepreneur peu protecteur
Lampes de signalisation, gants, casques… Pour rouler en toute sécurité, ce coursier a dû acheter lui-même la quasi-totalité de son équipement. S’il porte les couleurs d’une marque, il n’est pas salarié du centre d’appel mais auto-entrepreneur. Un statut moins protecteur que le salariat, par exemple en cas de chute.
Emmanuel Dockès, professeur de droit, explique : "s’il a, entre guillemets, la chance d’être renversé par une voiture, la législation sur les accidents de circulation viendra lui accorder une certaine indemnisation. En revanche, il ne bénéficiera pas de la législation des accidents du travail, sauf s’il a pris une assurance volontaire des accidents du travail. Ce qui est évidemment tout à fait exceptionnel."
Des livreurs sanctionnés quand ils sont malades
Plus largement, c’est la santé de ces livreurs qui est menacée. Fin juin, après un pic de pollution, ce livreur non-fumeur a développé une infection pulmonaire qui l’a cloué au lit avec beaucoup de fièvre. "J’étais à l’hôpital car je n’absorbais plus assez d’oxygène à cause de ce qu'il y avait dans mes poumons. Moi, j’ai fait 5 jours de fièvre à plus de 40°. On est en asthénie très vite. On est déshydraté. On ne mange pas, ou alors quand on mange on rend tout. On perd du poids. J’ai été arrêté pendant plus de deux semaines mais j’ai repris avant."
Le jeune homme est retourné rapidement au travail. En plus de ne pas gagner d’argent, il risquait de perdre ses courses. Souvent, les plateformes pénalisent les livreurs absents en les privant ensuite des créneaux horaires les plus lucratifs.
Face à la grogne, la plus grande entreprise du secteur a annoncé, ce jeudi 7 septembre, qu’elle offrait à ses livreurs une assurance santé gratuite en cas d’accident pendant leur course. Une première dans le secteur.