Médicaments innovants : les prix s'envolent
Ces derniers mois, de nouveaux médicaments sont apparus sur le marché. Si ces médicaments innovants sont très efficaces, ils sont aussi très chers. Il faut parfois plusieurs milliers d'euros pour traiter un seul patient.
Le Sovaldi®, un médicament contre l'hépatite C, a lancé le débat : 41.000 euros pour un traitement de trois mois. Depuis, la polémique s'étend aux nouveaux anti-cancéreux : 6.000 euros par mois pour une molécule contre les formes agressives du cancer du sein, près de 70.000 euros par an pour un traitement contre le mélanome.
Pour justifier ces tarifs, les entreprises du médicament mettent en avant le coût élevé de la recherche et les gains à long terme pour la Sécurité sociale : "Quand on a guéri l'hépatite C avec un médicament, combien de cirrhoses du foie, combien de cancers du foie vont être épargnés dans les dix prochaines années ? Il y a donc un potentiel d'économies extraordinaire derrière les innovations thérapeutiques que l'industrie pharmaceutique va apporter", explique Eric Baseilhac, directeur des affaires économiques de la LEEM (Les entreprises du médicament).
Quel rôle pour l'Etat ?
Problème, les comptes de la Sécurité sociale sont dans le rouge. Alors l'Etat peut-il agir ? En théorie oui, car c'est lui qui fixe les prix. Lorsqu'un laboratoire veut obtenir le remboursement d'un médicament, il transmet un dossier complet à la Haute autorité de santé, un organisme public indépendant. La HAS rend un avis sur la valeur ajoutée du traitement pour les patients. Le comité économique des produits de santé (CEPS) propose ensuite un prix.
Mais pour l'association Médecins du monde, l'Etat n'a en réalité jamais le dernier mot : "L'Etat est soumis à la pression des soignants, des prescripteurs, en particulier à l'hôpital, qui veulent utiliser ces nouvelles molécules. Il est aussi soumis à la pression des malades qui veulent avoir accès à ces molécules pour guérir. Le rapport de force est donc déséquilibré, ce qui fait que l'Etat à la fin est obligé d'accepter les conditions de l'industriel pour pouvoir commercialiser le traitement", souligne Olivier Maguet, responsable de la mission prix du médicament de l'association.
Des pistes d'amélioration
Ces médicaments très coûteux sont pour l'instant pris en charge par la Sécurité sociale mais pour combien de temps ? À l'avenir, faudra-t-il sélectionner les patients pour garantir l'accès aux soins de tous ? Certains, comme Frédéric Bizard, économiste, prônent d'autres économies : "Le prix moyen d'un médicament en France est de 7 euros. Il faut donc avoir le courage de dérembourser en partie les médicaments peu chers pour permettre un meilleur remboursement de ces nouveaux médicaments".
Autre piste : la licence d'office. Cette procédure permet à l'Etat de lever le brevet d'un médicament pour des raisons de santé publique. D'autres laboratoires peuvent ainsi fabriquer des médicaments génériques moins chers. Une solution radicale qui n'a pour l'instant jamais été utilisée.