Ignace Semmelweiss, le premier médecin à se laver les mains
Ignace Semmelweis est un des grands hommes qui a changé la vie des femmes. Avant Pasteur, cet obstétricien hongrois a oeuvré pour l'hygiène, convaincu que se laver les mains à l'hôpital limiterait la propagation de maladies et le nombre de mères qui mourraient en couche. À son époque pourtant, Ignace Semmelweis n'a pas été entendu… Petit rappel historique.
Le lavage des mains est un geste aujourd'hui banal dans les établissements de santé, le b.a-ba en matière d'hygiène. Mais il y a 150 ans, se laver les mains n'était pas la priorité des médecins. À cette époque où les chirurgiens opéraient encore en redingote, un fléau sévissait dans les maternités : la fièvre puerpérale.
Accoucheur hongrois, Ignace Semmelweis veut comprendre. À l'hôpital général de Vienne où il travaille, il existe deux maternités. Et d'après ses observations, la fièvre puerpérale sévit plus dans l'une que dans l'autre. D'après Semmelweis, la seule différence ce sont les étudiants en médecine. Dans la maternité de Klein (maternité où on mourrait beaucoup), ce sont eux qui accouchent les patientes et pas les sages-femmes.
"Les étudiants en médecine font des autopsies de femmes décédées de fièvre puerpérale. Et quand ils reviennent leurs mains sentent mauvais. C'est une odeur cadavérique. Ignace Semmelweis a conclu que c'était les mains des étudiants en médecine et de ceux qui pratiquaient des autopsies qui allaient ensuite examiner et accoucher des jeunes femmes qui entraînaient la maladie", raconte le Pr Patrick Berche, directeur général de l'Institut Pasteur de Lille.
Ignace Semmelweis a alors l'idée d'employer de la chlorure de chaux, un déodorant utilisé pour chasser les mauvaises odeurs des égouts comme des plaies purulentes. En 1847, il impose à tous les médecins de laver leurs doigts souillés par l'autopsie avec ce produit. Et cela fonctionne. Le taux de mortalité chute de façon spectaculaire.
Sans pouvoir le prouver, Semmelweis a donc découvert l'asepsie. Mais il n'a pas su convaincre. Sa découverte resta longtemps méprisée par ses confrères, et pas uniquement pour des raisons scientifiques. Il faut alors attendre les travaux de Pasteur quelques années plus tard pour comprendre l'action infectieuse de ces particules cadavériques invisibles dont parlait Semmelweis. Trop tard pour le médecin hongrois qui finit sa vie en asile psychiatrique.
Ignace Semmelweis connaîtra une gloire posthume un siècle plus tard. En France, il est popularisé par un médecin qui lui consacrera sa thèse, un certain Dr Louis Destouches plus connu sous le nom de Louis-Ferdinand Céline.
L'hygiène des mains reste l'une, si ce n'est la mesure phare en terme de prévention des infections. Le niveau de consommation des produits hydro-alcooliques est d'ailleurs aujourd'hui l'un des critères de performance des établissements de santé.