Les femmes consomment deux fois plus de psychotropes que les hommes
De nombreuses études épidémiologiques font état d'une consommation de psychotropes plus importante chez les femmes que chez les hommes. Une étude européenne publiée dans European Psychiatry confirme cette tendance : 15,1% des femmes contre 8% des hommes consomment cette classe de médicaments.
Parmi les 34.204 participants, 11,7% ont pris un traitement psychotrope au cours des douze mois précédant l'enquête. Le Portugal a la plus forte consommation (21,7%), suivi de la Belgique (17,2%), de la France (16,5%), de l'Espagne (14,8%) et des Pays-Bas (13,2%). L'Irlande du Nord et l'Italie sont autour de 12% tandis que l'Allemagne est dans le bas du classement avec 7,2%. Ce sont la Roumanie et la Bulgarie qui enregistrent le plus faible taux avec 5% et 2,1%.
Cette étude porte sur la relation entre le genre et la prise de psychotropes en fonction des facteurs sociodémographiques et des indicateurs du niveau du pays. Jusqu'à présent, la relation avec les différents niveaux de ressources et de remboursements des soins en santé mentale n'avait pas été explorée.
L'enquête consistait à interroger les 34.204 personnes provenant de dix pays européens (appartenant à l'EU - World Mental Health Surveys) sur leur consommation au cours des douze derniers mois. Les critères du Diagnostic and Statistic Manuel of Mental Disorder ont été utilisés pour déterminer la prévalence des troubles de l'anxiété et de l'humeur.
Dans tous les pays étudiés, il apparaît que les femmes sont, de manière significative, plus enclines à utiliser des psychotropes que les hommes. Cette relation demeure marquante après avoir ajouté les facteurs sociodémographiques (âge, niveau de revenu, statut de l'emploi, éducation, statut marital) et les indicateurs du niveau du pays (fourniture de soins de santé mentale, dépenses non remboursées des ménages, indice de parité entre les sexes).
15,1% des femmes contre 8% des hommes avaient consommé des psychotropes au cours des douze mois précédant l'enquête. On observe une plus forte consommation chez les femmes que chez les hommes tous médicaments confondus (antidépresseurs, benzodiazépines, antipsychotiques et stabilisateurs d'humeurs) et aussi dans la consommation d'antidépresseurs ou de benzodiazépines.
En prenant en compte l'analyse des facteurs de risque, on remarque que les femmes et les hommes prennent des psychotropes de façon croissante avec l'âge et décroissante avec leur niveau de revenus et des soins de santé mentale.
Malgré la différence des structures de santé mentale entre les pays participants, on note cependant que l'association genre et médicaments psychotropes change à peine lorsqu'on ajoute l'indicateur du niveau du pays en matière de fourniture de soins en santé mentale et de parité. L'étude suggère donc que les différences de genre dans la prise de psychotropes sont surtout dues à des facteurs personnels plutôt qu'au système de santé mentale en lui-même.
Etude source : Gender differences in psychotropic use across Europe: Results from a large cross- sectional, population-based study, European Psychiatry, Volume 30, Issue 6, September 2015, Pages 778–788, doi:10.1016/j.eurpsy.2015.05.001