Effets secondaires : nos recherches Google bientôt mises à profit ?
Maux de tête ou démangeaisons, le premier réflexe est bien souvent d'aller vérifier sur Internet. Les moteurs de recherche, à l'instar de Google, recèlent d'informations personnelles sur notre santé. Partant de cette immense base de données, l'agence sanitaire américaine envisagerait de travailler avec Google pour identifier des effets indésirables de médicaments, non signalés par les laboratoires.
Google en sait beaucoup sur notre santé. De nos douleurs articulaires à nos désordres intestinaux, la barre de recherche du géant américain reste l'une des premières sources d'information santé. Et cette base de données commence à intéresser sérieusement la Food and Drug Administration (FDA), l'agence de santé américaine. La FDA songe même à collaborer avec Google pour repérer les effets indésirables des médicaments, qui n'ont pas été signalés lors des essais cliniques faits par les laboratoires pharmaceutiques. Si l'agence sanitaire est restée discrète sur ces discussions, elle a annoncé le 9 juin 2015 avoir rencontré des responsables scientifiques de Google.
Pour repérer les effets indésirables non signalés officiellement, la FDA se baserait sur les recherches associant nom de médicament et symptôme(s). Lors des dernières phases d'essais cliniques, certains de ces effets peuvent passer inaperçus, par manque de participants. Mais grâce aux millions de recherches cumulées par Google chaque jour, la base de données statistique deviendrait colossale… Autre intérêt de la démarche : elle permettrait de déceler des interactions entre certains traitements, grâce à la diversité des profils des internautes.
100 milliards de recherches par mois
Jusque-là, tout effet secondaire doit être déclaré par les patients ou les professionnels de santé directement à l'agence de pharmacovigilance, la FDA ou l'ANSM en France. Ce signalement passe notamment par l'envoi d'un formulaire déclaratif, par mail ou courrier. Cette démarche n'est pourtant pas un reflexe pour beaucoup, qui préfèrent directement rechercher les divers symptômes sur Google. Le moteur de recherche, qui frôle les 100 milliards de requêtes mensuelles, tous thèmes confondus, reste loin devant ses concurrents Yahoo! et Bing. En France, il représente 95% des recherches.
Lors de la réunion entre la FDA et Google en juin 2015, Evgeniy Gabrilovich se trouvait à la table des discussions. En 2013, ce chercheur employé par Google, avait mis en évidence l'intérêt des moteurs de recherche dans la signalement d'effets indésirables, en passant en revue 176 millions de requêtes sur Yahoo!.
Quid de la protection de la vie privée ?
La même année, une seconde étude, menée cette fois par la FDA en collaboration avec l'université de Stanford, avait directement réussi à mettre en lumière un effet indésirable inconnu grâce à Internet. Pour cela, les chercheurs ont passé en revue 6 millions de requêtes faites sur le moteur Bing (2 à 3% d'utilisations, devant Yahoo !). Résultat : ils ont identifié un lien entre prise conjuguée d'un anticholestérol et d'un antidépresseur, et une hyperglycémie. La recherche associant les deux médicaments et le symptôme ressortait deux fois plus que celle n'indiquant qu'un seul des traitements.
L'utilisation de Google dans le domaine médical pose tout de même la question de la vie privée et de la protection des données. L'analyse des recherches par la FDA peut être un point de départ, mais c'est ensuite seulement à l'autorité de contrôle de prouver que l'effet indésirable est directement induit par le médicament.