Prothèses auditives : 2,1 millions de Français renoncent à cause du prix
Seule une personne sur quatre ayant une déficience auditive s'équipe d'une audioprothèse, selon une étude de l'UFC-Que Choisir. Un renoncement qui s'expliquerait principalement par le coût trop élevé de ces appareils. L'association dénonce "la scandaleuse rente des audioprothésistes" et presse les pouvoirs publics d'agir.
A cause du vieillissement de la population, de plus en plus de Français ont besoin d'une aide auditive, mais aujourd'hui seul un quart des malentendants peut se l'offrir. Le prix moyen d'un appareil auditif est de 1.550 euros par oreille et dans 80% des cas, les patients ont besoin d'équiper les deux oreilles, soit une dépense de 3.100 euros. Or la Sécurité sociale ne rembourse que 120 euros par appareil et les complémentaires santé environ 330 euros, ce qui laisse 1.100 euros à la charge du patient, 2.200 euros pour les deux oreilles.
L'UFC Que-Choisir attribue les prix dissuasifs à une "pénurie savamment entretenue" d'audioprothésistes en France : "Nous avons aujourd’hui un peu plus de 3.000 audioprothésistes en activité et il en faudrait plus de 7.000 pour couvrir les besoins des Français. Et parce qu’il n’y a pas assez d’audioprothésistes, les salaires sont extrêmement élevés et cela se traduit par des surcoûts importants pour les consommateurs", explique Mathieu Escot, chargé de mission santé à l'UFC-Que Choisir.
Selon cette étude, les appareils sont revendus "4,5 fois leur prix d’achat", soit une marge brute moyenne de 78%. Une fois les divers frais et salaires déduits, la marge nette se situe entre 15 et 18%, niveau supérieur au "déjà rentable secteur de l’optique". Pour faire baisser les prix, l’association de consommateurs demande notamment un relèvement du numérus clausus introduit à la rentrée 2015.
Autre motif qui fait grimper la facture selon l’UFC-Que Choisir : le prix à régler par le consommateur inclut l’appareil lui-même, mais aussi toutes les prestations de suivi pendant la durée de vie du produit. Cela "revient à payer d’avance une prestation qui ne sera parfois pas utilisée" en cas de cessation d'activité de l'audioprothésiste, d'arrêt du port de l'appareil ou de décès de l'acheteur. La loi Macron a supprimé le caractère indissociable de l'appareillage et du suivi, mais l'Assurance maladie doit encore adapter son processus de remboursement qui, aujourd'hui, continue à lier les deux.
Le Syndicat national des audioprothésistes dénonce une étude "à charge, aux données incomplètes ou erronées". Pour réduire le reste-à-charge des patients, il préconise d'"améliorer le remboursement des appareils auditifs, dont les tarifs n'ont pas été revus depuis 1986".