Des cellules souches pour régénérer le coeur
Notre corps contient ses propres cellules réparatrices pour certains de ses organes, comme la peau ou les os. Mais ce n'est pas le cas du cœur. Lorsque sa paroi est abîmée par un accident cardiaque, le muscle ne se renouvelle pas de lui-même. Des chercheurs belges ont donc eu l'idée de reprogrammer des cellules souches en cellules réparatrices cardiaques, et de les injecter directement dans le cœur. Ainsi le cœur pourrait se réparer par lui-même et récupérer une meilleure force de contraction. Explications.
La détérioration du muscle cardiaque entraîne une réduction de sa capacité de pompage du sang. C'est ce qu'on appelle l'insuffisance cardiaque. Lorsque celle-ci s'aggrave, il ne reste parfois qu'une solution : la greffe. Mais le nombre de greffons est malheureusement loin d'être suffisant. D'où l'espoir suscité par l'équipe de chercheurs belges.
Au cours de l'opération, les cardiologues commencent par injecter un produit de contraste dans le cœur du patient insuffisant cardiaque, afin d'en délimiter les contours et de mesurer la quantité de sang expulsée à chaque battement.
"Les traitements actuels sont utiles", explique le Dr William Wijns, cardiologue au centre cardiovasculaire d'Alost (Belgique), "mais malheureusement ils sont palliatifs. L'idée novatrice de cette thérapie, c'est de remplacer le muscle perdu par du muscle cardiaque". Le problème, c'est que le cœur ne contient pas ses propres cellules réparatrices et ne se renouvelle naturellement que d'1% par an. L'équipe de chercheurs belges a donc eu l'idée d'utiliser des cellules souches pour pousser le muscle cardiaque à se régénérer.
Les cellules viennent d'un laboratoire. Un prélèvement de moelle osseuse doit d'abord être effectué chez le patient, seules les cellules souches dites mésenchymateuses qui peuvent se transformer en n'importe quel tissu sont conservées.
Au bout de six semaines, le laboratoire livre à l'hôpital 600 millions de cellules souches cardiaques. Pour les diffuser au sein même du muscle, les chercheurs ont créé spécialement un cathéter armé d'une petite aiguille. Introduit au niveau du pli de l'aine, par l'artère fémorale, le cathéter remonte jusqu'au cœur. La solution de cellules est ensuite injectée lentement à un endroit précis. L'injection de cellules souches peut être réalisée à plusieurs endroits et à plusieurs reprises.
"Les résultats de l'étude de phase 2 conduite sur 45 patients a montré une amélioration de la fonction cardiaque, donc de la puissance d'éjection du cœur, de 25%", confie le Dr Christian Homsy, président directeur général de Cardio3 biosciences (Belgique). Si ces résultats sont très encourageants, il faut tout de même "les prendre avec beaucoup de précaution car nous devons démontrer que ce que nous avons fait à petite échelle peut être réalisé à grande échelle".
Cette étude est menée dans plusieurs pays européens et a reçu l'agrément des Etats-Unis. Mais la France, elle, n'a toujours pas donné son accord.