Tout se répare, même un bras arraché
Un homme dont l’avant-bras avait été sectionné par une machine agricole a récemment été opéré par des médecins de l’hôpital de la Timone à Marseille. Son membre a pu être réimplanté, mais ce genre d’opération laisse des séquelles.
Le 21 juillet dernier dans le Var, une machine agricole a arraché l’avant-bras d’un ouvrier de 32 ans. La rapidité d’intervention des secours et la dextérité des médecins ont permis de réimplanter le membre sectionné. Une opération qui n’a lieu que tous les quatre ou cinq ans dans l’hôpital de la Timone, qui couvre toute la région PACA pour ce type de blessures.
Si l’opération a été un succès, c’est d’abord grâce à la présence d’esprit des collègues de la victime. "Les premiers gestes ont été très bien réalisés par les collègues du patient", souligne le Dr André Gay, qui a conduit l’opération à l’hôpital de la Timone. Ils ont placé le bras arraché dans un réfrigérateur, l'ont enveloppé dans un tissu pour qu’il ne soit pas en contact avec la glace, ce qui aurait pu causer des engelures. Les secours, rapidement alertés, ont ensuite pu héliporter l’homme jusqu’à l’hôpital.
A 12h30, soit trois heures et demie après l’accident, l’opération a débuté. Un impératif, comme l’affirme le Dr Gay : "A partir du moment ou un membre est détaché, une course contre la montre commence. On a entre quatre et six heures avec que les lésions ne soient irréversibles." La priorité est de refaire circuler le plus vite possible le sang dans le bras.
Le membre réimplanté ne retrouvera pas toutes ses fonctions
Comme les vaisseaux sont fragiles, les médecins doivent d’abord réaliser l’ostéosynthèse, qui consiste à "remettre les os les uns avec les autres de manière à ce que l’avant-bras soit rattaché de manière solide avec le reste du corps". Ils peuvent ensuite commencer à revasculariser le membre.
Refaire fonctionner la main est un autre défi. Le chirurgien marseillais et son équipe ont dû suturer, un à un, les nerfs et les tendons qu’ils avaient pu identifier. Un travail long et fastidieux, mais chaque nerf suturé permet d’augmenter les chances de retrouver de la sensibilité dans le bras, et chaque tendon remis en place augmente les chances que les articulations fonctionnent à nouveau.
Malgré la réussite de l’opération, le membre réimplanté ne retrouvera pas toutes ses fonctions. Les médecins ont été obligés de raccourcir d’environ deux centimètres le bras pour retirer les tissus détruits par l’amputation. De plus, lors d'un accident où la section n’est pas chirurgicale, il est pratiquement impossible de réparer l'ensemble des éléments anatomiques du bras. Dans le cas du jeune ouvrier, un nerf n’a pu être suturé.
Une lourde phase de rééducation
Les médecins savent immédiatement si l’avant-bras va fonctionner. Ils ne savent pas tout de suite en revanche à quel point le patient pourra l’utiliser. "On est complètement dans le flou, explique le chirurgien marseillais. Pour avoir une idée de la récupération globale, il faudra attendre entre trois et six mois." La façon dont le membre a été séparé du corps permet toutefois de se faire une idée. "Moins la section est nette, plus le pronostic fonctionnel est sombre", juge le Dr Gay.
Ce type d’accident reste rare, grâce au travail réalisée auprès des employeurs et des salariés dans les entreprises à risque. Mais la prévention a ses limites : aucun protocole n’est réellement établi pour prendre en charge les victimes dont un membre supérieur est arraché. Même si, dans ce cas précis, tout a été mis en œuvre pour que le patient puisse à nouveau manipuler des objets avec sa main.
En attendant d’en savoir plus sur la fonctionnalité de son bras, il devra passer par une lourde phase de rééducation, pour espérer minimiser les séquelles de l’opération. Mais, comme le résume le Dr Gay, "il est toujours mieux d’avoir une main même peu fonctionnelle que pas du tout. C’est pour cela qu’on réimplante."