Le garrot, un geste de dernier recours
Le garrot est un geste de premiers secours qui a été mis en avant depuis les attentats du 13 novembre 2015. Or, le garrot est réservé à des situations très particulières. Les explications avec le Dr Gérald Kierzek, urgentiste.
Contrairement à une idée fausse, largement répandue par le cinéma ou la télévision, un garrot ne doit être utilisé qu'en dernier recours car il présente des risques importants pour le sujet.
Pose d'un garrot : quels sont les risques ?
Un garrot très serré et laissé trop longtemps sur un membre (plus de deux heures) risque de provoquer une paralysie de ce membre. Après quatre à six heures, il existe même des risques importants de gangrène du membre et de troubles rénaux pouvant entraîner le décès de la victime. La macro et la microcirculation sont en effet coupées par le garrot. Heureusement, dans la majorité des cas, la victime d'une hémorragie grave arrivera dans un service d'urgence dans l'heure suivant l'accident.
Mais le garrot doit être réservé à des situations exceptionnelles. Il peut être réalisé devant une hémorragie externe importante quand tous les autres moyens ont échoué ou quand le secouriste doit avoir les mains libres pour pratiquer d'autres gestes d'urgence.
Comment faire un garrot ?
Le garrot doit être posé juste au-dessus de la plaie (entre la plaie et le cœur) : au-dessus du genou pour le membre inférieur et au-dessus du coude pour le membre supérieur.
Utilisez comme garrot un lien assez gros. Servez-vous de ceintures, de cravates, de foulards... Evitez d'utiliser comme garrot des cordelettes, du fil de fer, etc. qui sont susceptibles de couper la peau et même les muscles.
Le garrot le plus simple est le "garrot cravate". Tout en comprimant l'artère (si possible), faites une boucle avec le lien et placez-la autour du membre. Enfilez les extrémités du lien dans la boucle, puis maintenez la traction sur une des extrémités du lien. Passez l'autre extrémité autour du membre. Tendez le lien et nouez les deux extrémités.
Attention à serrer le garrot juste assez pour arrêter l'hémorragie, mais pas plus. Si la plaie continue de saigner malgré le garrot, c'est que celui-ci n'est pas assez serré.
Notez l'heure de pose du garrot et communiquez cette information aux secours quand ils arriveront sur place. Ne posez pas de vêtement, ni de couverture sur le garrot, car ainsi dissimulé, il risquerait de passer inaperçu et d'être retiré trop tard par les sauveteurs. Il ne faudra le desserrer qu'à l'hôpital par une équipe médicale.
À situations exceptionnelles, matériel exceptionnel
Il existe une dotation de garrots tourniquets ou garrots tactiques, utilisés par les militaires. L'hémorragie est la première cause de mort évitable au combat. C'est donc un moyen extrêmement efficace pour arrêter un saignement avec un dispositif de serrage et de blocage. En attendant le bloc opératoire.
Dans la vie quotidienne, en cas d'hémorragie, il faut comprimer. Appuyez sur le saignement avec une paire de gants ou un morceau de tissu. Vous pouvez éventuellement mettre en place un tampon relais… un lien large - qui ne fait pas garrot - qui vient remplacer la compression manuelle et vous libère ainsi les mains. Allongez ensuite la victime et attendez les secours… Les points de compression à distance sont aussi assez efficaces.