Médecine : l'empathie, ça s'apprend !
A la faculté de médecine Sorbonne université, tous les étudiants doivent suivre un stage d'écoute. Le but : développer leur empathie.
"Mon médecin ne m'écoute pas...", "Mon généraliste n'a pas le temps...", de nombreux patients regrettent le manque d'écoute de certains médecins. Dans les cabinets, les consultations s'enchaînent, les traitements, les molécules sont de plus en plus complexes, les spécialistes ont moins de temps à accorder à leurs patients... alors que l'écoute est essentielle dans la prise en charge. La faculté de médecine Sorbonne université l'a bien compris et propose à ses étudiants des stages d'écoute pour développer leur empathie.
Pour le Pr Emmanuel Flamand-Roze, neurologue et professeur à la faculté de médecine Sorbonne Université, l'empathie doit pouvoir s'apprendre dès la seconde année comme d'autres disciplines. Une étude a démontré qu'une mauvaise écoute des médecins réduisait l'efficacité d'une consultation : "Quand les patients se plaignent de leur médecin, ils se plaignent de ne pas être écoutés ou qu'on ne leur parle pas assez... Ils se plaignent rarement de sa compétence. En pratique, l'empathie doit permettre au patient de bien expliquer ce qu'il ressent, à prendre confiance et à augmenter l'efficacité des thérapeutiques car on va mieux adhérer au traitement proposé par un médecin en qui on a confiance", explique le Pr Flamand-Roze.
Des stages d'écoute
Pour apprendre cette empathie, le professeur a mis en place pour ses étudiants un module unique en France. Tous les élèves doivent participer durant leur cursus à un stage d'écoute : "Ecouter, ce n'est pas juste ouvrir ses oreilles et laisser la personne parler, souligne Lucie Sabau, chargée de mission écoutante au Collectif féministe contre le viol, Ecouter, c'est aussi entendre et interagir avec elle". Se mettre à la place des patients pour mieux les soigner, c'est tout l'enjeu des stages. Les étudiants participent aussi à des maraudes avec le Samu social. Des expériences riches et formatrices.
L'expérience démarrée en 2012 semble avoir ouvert la voie. La réforme des études médicales prévoit en effet de mieux prendre en compte les compétences relationnelles des médecins.