IST : la résistance aux antibiotiques inquiète
Les trois infections sexuellement transmissibles (IST) les plus fréquentes deviennent de plus en plus difficiles à traiter à cause du phénomène de résistance aux antibiotiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de revoir les recommandations sur les traitements.
Les chiffres sont alarmants. Entre 2013 et 2015, les infections sexuellement transmissibles (IST) ont fortement augmenté en France : le nombre de cas de gonorrhée a doublé, ceux de la syphilis ont augmenté de 60% et les cas de chlamydiose de 10%.
Ces trois IST, les plus fréquentes, sont provoquées par des bactéries et peuvent donc être guéries par des antibiotiques. Toutefois, ces IST, ne sont souvent pas diagnostiquées et selon l’OMS, elles deviennent plus difficiles à traiter, car certains antibiotiques sont devenus inopérants suite à leur mauvaise utilisation ou à une utilisation excessive.
Parmi les trois maladies qui inquiètent l'OMS, seul la gonorrhée, plus connue sous le nom de "chaude-pisse", montre pour l'instant une résistance aux antibiotiques en France.
Pour mettre en évidence ce phénomène, les centres de dépistage réalisent de manière systématique un antibiogramme sur les prélèvements porteurs de gonocoques. "On a vu effectivement émerger des souches résistantes. On était, il y a une dizaine d'années, environ à 10% de résistance, aujourd’hui on a 40% de souches résistantes", explique Valérie Lalande, bactériologiste à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP).
Résultat : la gonorrhée est aujourd'hui soignée avec d'autres antibiotiques. Pour éviter de voir émerger l'antibiorésistance d'autres IST, l'objectif est de les traiter en utilisant les médicaments de façon plus ciblée. "Lorsqu’une infection bactérienne nécessite un antibiotique, il va falloir prescrire et utiliser l'antibiotique le mieux adapté à la bactérie incriminée, c'est-à-dire celui qui va la tuer le plus efficacement, mais qui va avoir le moins d'impact possible sur d'autres bactéries commensales (ndlr : bactéries naturellement présentes dans l'organisme et qui ne provoquent pas de maladies)", explique le Dr Laure Surgers, infectiologue à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP).
Les traitements à mettre en place ont donc besoin d’être actualisés. Si elles ne sont pas diagnostiquées ni traitées, ces infections sexuellement transmissibles peuvent entraîner de graves complications et des séquelles à long terme pour les femmes, comme des infections génitales hautes, des grossesses extra-utérines ou des fausses couches. La gonorrhée et la chlamydiose peuvent provoquer la stérilité chez les hommes et les femmes.
Utilisé correctement et systématiquement, les préservatifs sont l’un des moyens de protection les plus efficaces contre les IST.