Cinq questions sur la libido
A l'origine de nos envies sexuelles, la libido évolue tout au long de la vie, pour des raisons physiques et psychologiques. Que savons-nous réellement sur elle ? Quiz sexy, à terminer sous la couette à deux !
La libido est-elle toujours au plus bas en hiver ?
Faux. Ah il est facile de prétexter que l'hiver met à mal notre libido ! Mais c’est une excuse infondée car les études n'ont trouvé qu'un cas dans lequel c'était prouvé : la dépression saisonnière, cette affection causée par le manque de lumière en automne et en hiver.
Les symptômes sont variés : tristesse, manque d'énergie, difficultés à prendre des décisions, troubles du sommeil et de l'appétit... et parfois troubles sexuels. Le traitement comprend une luminothérapie, une psychothérapie et parfois des antidépresseurs. Mais en dehors de ce cas, aucune excuse pour traîner seul sous la couette. De plus, le désir se trouve en soi, il ne vient pas uniquement de l’autre. Au début, tout est rose et dès que l'on se voit, on se saute dessus. Avec le temps, le désir devient moins automatique, il vient alors de soi et se travaille. Car la sexualité passe souvent après les enfants, le boulot, les courses, le ménage, les amis,… Garder du temps pour la sexualité est donc essentiel !
À nous de pimenter notre sexualité hivernale, quitte à monter le thermostat du chauffage pour réchauffer notre libido.
La libido dépend-elle des hormones ?
En partie. La libido dépend de nombreux facteurs, et en premier lieu des hormones.
Chez la femme, elle évolue suivant le cycle. Le désir féminin est sous le joug de plusieurs hormones, dont la testostérone (en nettement moins grande quantité que les hommes) et les oestrogènes, les hormones sexuelles féminines. Ceux-ci sont produits en pic juste avant l'ovulation, héritage archaïque de notre condition d'animal : ils boostent le désir afin d'assurer la reproduction de l'espèce ! Mais pas d'inquiétude si ce n'est pas le cas, certaines ressentent nettement moins cette tension sexuelle hormonale.
Lors de l'allaitement, une hormone, la prolactine, inhibe le désir sexuel. On a longtemps cru qu'à la ménopause, la libido s'effondrait. Une étude a mis un terme à cette croyance : ce sont surtout les idées reçues négatives sur la sexualité après la ménopause, qui sont responsables de son effondrement. De nombreuses femmes de plus de 50 ans ont une sexualité épanouissante.
Chez l'homme, on entend souvent qu'ils ont tout le temps envie... Ce n'est pas aussi simple. Chez les hommes, le désir est plus linéaire que celui des femmes, car il est conditionné par la testostérone, hormone sexuelle mâle sécrétée de façon continue. Mais en pratique, d'autres facteurs sont à prendre en compte, comme le stress, qui peut avoir un retentissement négatif sur la libido masculine.
La baisse de libido est-elle forcément psychologique ?
Faux ! Cette idée reçue est complètement erronée. La baisse de désir peut être provoquée par des maladies, par exemple d'origine endocrinienne (hypothyroïdie, tumeur de l'hypophyse,...), une dépression, les suites d'un accouchement ou encore l'allaitement.
L'andropause, l’équivalent de la ménopause des femmes, est définie par la baisse du niveau de testostérone. Ce qui peut altérer le désir chez certains hommes. Tout comme quelques médicaments : certaines pilules, certains antidépresseurs, antihypertenseurs (diurétiques), anxiolytiques, etc. Il est parfois difficile de savoir si c'est le médicament, ou l'affection pour laquelle il est pris, qui provoque l'altération de la libido, mais il est important d'en parler à son médecin, qui pourra peut-être diminuer les doses ou changer de médicament. En revanche, il est interdit d'arrêter son traitement tout seul !
La composante psychologique de la libido est très importante. Se conditionner positivement vis-à-vis de la sexualité, en lui accordant de l'espace et du temps, est aussi important pour retrouver du désir. Les conseils des magazines féminins (dessous affriolants, nuit à l’hôtel, réalisation de fantasmes…) ne vont pas révolutionner le désir, surtout si l'origine de la baisse de libido est une maladie ou un traitement, ou s'il y a un problème conjugal derrière la baisse de désir. Mais chez certains, notamment ceux qui sont motivés à deux pour relancer leur désir, ils contribuent à se stimuler un peu vis-à-vis de la sexualité, à lui accorder à nouveau une véritable place, à être plus disponible et attentionné(e) pour son amant(e). Ce qui est loin d'être négligeable...
Existe-t-il un traitement contre la baisse de libido ?
En cas de baisse de libido qui dure, il est recommandé d’en parler à son généraliste ou à un sexologue, qui cherchera à identifier la cause. La prise en charge comporte alors le traitement d'une origine médicale, l'adaptation d'un traitement s'il est en cause, une psychothérapie ou même une thérapie de couple en cas de conflit conjugal, une explication fréquente de diminution du désir ! L'hypnose peut être efficace lorsque la baisse de libido est d'origine psychologique, expliquée par le stress par exemple, ou un blocage. L'hypnose est un état de conscience modifiée, c'est un bon outil pour atteindre l'inconscient, dénouer des conflits internes, apprendre à se relaxer.
Plusieurs médicaments ont été testés mais ils peinent à affirmer leur intérêt et ne sont pas commercialisés en France : le Lybrido, le Lybridos, la flibansérine… Le premier comporte de la testostérone et du sildénafil (le Viagra®) et est destiné aux femmes souffrant de désir sexuel hypoactif (et donc pas d’une petite et passagère baisse de libido !), lié à une insensibilité aux stimuli sexuels. Il cible donc l'excitatiion physique. Le second est testé sur une sous-catégorie de femmes souffrant d'un désir sexuel hypoactif, expliqué par des mécanismes cérébraux inhibant le désir trop actifs et il cible davantage la composante psychologique du désir. Le troisième, commercialisé depuis 2015 aux Etats-Unis est à la base un antidépresseur et agirait aussi sur le versant psychologique, au prix bien souvent d'effets secondaires. En France, seul un complément alimentaire, le Libicare® agirait en augmentant la testostérone libre (qui participe au désir féminin) et qui a fait l'objet de quelques études cliniques. Mais la composante hormonale du désir peut varier d'une femme à l'autre et surtout, elle se complète d'une composante psychologique, extrêmement importante. Sans envie de faire l'amour au départ, un comprimé quotidien ne changera pas la donne... Il faut aussi que la sexualité se passe bien physiquement, sans douleur, sans épuisement et avec du plaisir, et que la relation de couple soit épanouissante.
Le stress et la fatigue ont-il un effet sur la libido ?
Souvent. Le stress a des effets variables sur la libido, selon les personnes. Il fait secréter de l’adrénaline, une hormone antinomique de la libido : pour certains amants, impossible de faire l’amour lorsqu’ils sont très stressés. Au contraire, d’autres recherchent le bien-être provoqué par les endorphines sécrétées après l’orgasme : un bon remède contre le stress !
Quant à la fatigue, elle peut avoir un effet dévastateur pour la libido : le rapport sexuel nécessite un effort physique et un investissement émotionnel importants. Lorsque l’on est épuisé, il peut être impossible de trouver cette énergie animale nécessaire à la pulsion sexuelle et son assouvissement. La charge mentale est souvent invoquée par les femmes pour expliquer leur manque de désir, tellement elles sont épuisées de tout gérer.
Un travail sur son désir, sur sa manière de concevoir la sexualité peut alors être intéressant, an voyant le rapport sexuel autrement, non plus comme le prélude à un orgasme obligatoire, mais simplement comme un moment d’intimité et de plaisir, de retrouvailles avec la personne aimée. De plus, la sexualité ne se limite pas à la pénétration : la masturbation, la fellation, le cunnilingus sont moins coûteux en énergie et en émotions. Le massage érotique offre aussi une parenthèse sensuelle bien appréciable.
Faire l'amour pour retrouver l'envie…
Plus on fait l’amour, plus on en a envie. Cette assertion est vraie à la condition que l'acte sexuel soit réussi ! Faire l'amour agit sur le système de la récompense de la récompense, à l'instar des drogues, et entraîne la production de la dopamine, l’hormone du plaisir. Le souvenir de galipettes réussies donne alors envie de recommencer.
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