Comment expliquer une baisse de libido après un infarctus ?
Depuis son infarctus il y a un an, mon ami n'a plus de libido. Est-ce normal ?
Les réponses du Dr Hélène Jacquemin-Le Vern, gynécologue et sexologue :
"Quand la pathologie, qu'elle soit physique ou physiologique au niveau du corps, arrive dans un couple, la sexualité est toujours touchée. Et quand elle touche le coeur, il y a toujours une angoisse de mort, une angoisse de récidive, il y a une protection de soi, on se met dans une bulle… surtout après un infarctus, on peut aussi vous imposer un régime, on vous demande d'arrêter le tabac… Il y a tout un contexte qui fait que l'estime de soi, la joie de vivre et ce que l'on faisait avant s'arrêtent d'un coup et il faut se réhabituer à ce nouveau corps avec les traitements, et parfois les effets secondaires des traitements.
"Et parfois les traitements peuvent donner ces troubles. Le problème de l'infarctus, c'est que c'est un accident brutal. On peut être jeune et avoir un infarctus et se demander qu'est-ce que je peux faire après… Le corps médical a parfois des réticences à donner des indications très précises sur la sexualité. Les dernières études prouvent que dans les 8-10 jours après un infarctus, il ne faut pas faire trop d'efforts. Il y a parfois une rééducation.
"Si on peut marcher, si on peut monter deux étages… on peut tout à fait avoir un rapport sexuel. Et le rapport sexuel est plutôt bénéfique au niveau de la santé. L'important aussi, c'est ce qui se passe dans le couple. La compagne peut être inquiète que son mari récidive, elle peut à ce moment-là prendre une position d'infirmière, être dorlotante et pas tellement être du côté de l'éros et de l'excitation. Tous ces éléments sont à régler. Et si ce couple est inquiet, il faut en parler aux soignants, que ce soit les médecins qui l'ont suivi au moment de l'infarctus, que ce soit le généraliste ou le kiné qui fait la rééducation. Il faut poser les questions pour être rassuré et reprendre confiance. On peut aussi redémarrer une sexualité qui n'est pas spécialement dans la compétence, une spécialité un peu paresseuse mais qui est bénéfique pour les cardiaques et les non cardiaques."